La future stratégie énergétique du Québec devra réussir à réconcilier deux objectifs contradictoires: la production de pétrole québécois et la réduction des gaz à effet de serre (GES).

C'est possible, soutient la ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, qui lançait hier la consultation devant mener à un nouveau plan de match en matière d'énergie.

«Il faut être réaliste, on ne se passera pas de pétrole du jour au lendemain, a expliqué la ministre. Il y aura une période de transition et il y a un avantage certain à examiner l'exploitation de pétrole au Québec.»

Réduire la facture

L'avantage, c'est surtout la réduction de la facture du pétrole importé, qui s'élève à 14 milliards annuellement pour le Québec, a précisé la ministre.

Si l'exploitation de pétrole sur le territoire québécois contribue à augmenter l'émission de GES, «on fera plus d'efforts ailleurs pour compenser», estime Martine Ouellet.

Le président de l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique, André Bélisle, partage cette logique. «Je consomme du pétrole et je vais en consommer encore pendant un certain temps, alors je pense que c'est possible d'exploiter le pétrole québécois pendant la période de transition», a-t-il expliqué.

Le gouvernement Marois semble moins bien disposé envers le renversement du pipeline d'Enbridge pour acheminer du pétrole de l'Alberta au Québec et dans les Maritimes.

«Le Québec doit évaluer si l'approvisionnement en pétrole des sables bitumineux est compatible avec son programme de lutte contre les changements climatiques», souligne le document qui met la table pour le débat public qui s'amorce.

Par ailleurs, les balises posées par le gouvernement sont résolument orientées vers le développement des énergies renouvelables.

Cap sur l'électrification

Martin Ouellet croit qu'il est possible de créer toute une industrie du transport électrique à partir des entreprises déjà présentes au Québec: TM4, Bathium, Phostech, Bombardier et Paccar. «On peut créer des emplois à très haute valeur ajoutée», a-t-elle soutenu.

Malgré les surplus d'électricité qui s'accumulent chez Hydro-Québec, le gouvernement auquel appartient Martine Ouellet veut encourager le développement de toutes les énergies de remplacement comme le solaire, la géothermie et les hydroliennes.

La population est invitée à participer à la Commission sur les enjeux énergétiques qui tiendra des audiences publiques du 4 septembre au 9 octobre à travers le Québec. Une stratégie énergétique devrait suivre cet exercice, quelque part en 2014.

La Commission sera présidée par Roger Lanoue, un vice-président d'Hydro-Québec à la retraite depuis 2004, et Normand Mousseau, le très médiatique professeur du département de physique de l'Université de Montréal.