L'or est passé sous la barre des 1200$ pour la première fois depuis près de trois ans, touchant vendredi son plus bas depuis début août 2010, pénalisé par l'absence de craintes inflationnistes et le désintérêt des investisseurs.

Le métal jaune a dégringolé de près de 30% depuis le début de l'année, perdant 200 dollars en deux jours à la mi-avril puis plus de 200$ depuis le début du mois de juin.

«L'or évolue à son plus bas niveau en 34 mois et se dirige vers sa pire chute trimestrielle depuis 90 ans», a indiqué Lee Mumford, chez Spreadex.

Selon les analystes, ce sont les signes successifs d'amélioration de l'économie américaine et la quasi-absence de craintes inflationnistes qui détournent les investisseurs de l'or, qui lui préfèrent désormais d'autres actifs plus risqués et plus rémunérateurs.

L'or est traditionnellement considéré comme un bouclier contre l'inflation.

Or actuellement, l'inflation se maintient relativement basse, notamment aux États-Unis et en Europe : les prix à la consommation ont progressé de 1% en mai en rythme annuel dans la première économie mondiale.

De plus, la perspective d'un resserrement de la politique monétaire ultra-accommodante de la Réserve fédérale américaine (Fed) dans les prochains mois éloigne encore plus la possibilité d'une hausse de l'inflation, du moins à court et moyen terme.

En effet, cette politique expansionniste a tendance à diluer la valeur du dollar, via d'énormes injections de liquidités dans le système financier américain.

La Fed ayant conditionné la réduction puis l'arrêt de ses injections à la poursuite de l'amélioration de la conjoncture américaine, chaque manifestation de bonne santé de l'économie américaine porte un coup à l'or.

C'est ainsi que le métal jaune a fortement reculé mercredi puis vendredi, suivant la publication de bons indicateurs américains mardi et jeudi.

Du coup, les investisseurs fuient le métal jaune, dans un mouvement qui a tendance à s'auto-entretenir: «depuis le début de l'année, presque 565 tonnes d'or sont sorties des ETF (fonds d'investissement adossés à des stocks physiques d'or, ndlr)», rapportait-on chez Commerzbank.

Face à cette chute de la demande d'or «papier», c'est-à-dire sous forme d'actif financier et non matérielle, la demande physique de métal jaune ne rebondit pas, en partie à cause des mesures mises en place en Inde - un tiers de la demande mondiale - pour limiter les importations d'or.