Les énormes réserves de pétrole et gaz de schiste représentent 10% de la totalité du pétrole techniquement exploitable dans le monde et 32% du gaz. Elles se concentrent dans une poignée de pays, mais leur rentabilité potentielle est incertaine, selon une étude de l'Agence américaine d'informations sur l'Énergie (EIA) lundi.

Plus de la moitié des ressources de pétrole de schiste identifiées hors États-Unis se trouvent concentrées dans quatre pays: Russie, Chine, Argentine, et Libye. Les États-Unis se placent en seconde place de ce classement derrière la Russie, selon cette étude de l'EIA, qui dépend du ministère de l'Énergie (DoE).

De même, plus de la moitié des réserves de gaz de schiste hors États-Unis - qui détiennent les quatrièmes réserves mondiales estimées - sont concentrées dans cinq pays: la Chine, l'Argentine, l'Algérie, le Canada et le Mexique.

Actuellement, «seuls les États-Unis et le Canada produisent du pétrole et du gaz de schiste en quantités commerciales», souligne l'étude commanditée par l'EIA et qui porte sur 41 pays.

«Plusieurs nations ont commencé à évaluer et tester l'exploitation potentielle de formations de schiste», en tête desquelles «la Pologne, qui a distribué des concessions en vue de prospection et avait foré 43 puits d'essais en avril 2013», note-t-elle.

«L'Argentine, l'Australie, la Chine, l'Angleterre, le Mexique, la Russie, l'Arabie Saoudite et la Turquie ont lancé des explorations ou manifesté de l'intérêt pour leurs formations de schiste», ajoute-t-elle.

Grâce à la «révolution du schiste» et aux technologies combinées de la fracturation hydraulique (fracking) et du forage à l'horizontale, le pétrole et le gaz de schiste représentaient l'an dernier 29% de la production américaine d'or noir et 40% de celle de gaz.

L'EIA fait toutefois valoir que «vu les différences dans le monde en termes de formations de schiste, d'un point de vue géologique et de celui des conditions au-dessus du sol, l'étendue de la rentabilité économique des ressources techniquement recouvrables n'est pas encore claire».

La France détient les deuxièmes réserves d'Europe estimées de gaz naturel dit «liquide», c'est-à-dire éthane, butane ou propane. Ces combustibles sont transformables comme le pétrole et donc économiquement plus avantageux que le méthane qui ne peut que brûler. Elles atteignent 3,88 milliards de mètres cubes, derrière la Pologne (4,3 milliards de mètres cubes).

L'étude revoit toutefois nettement à la baisse ses estimations des réserves potentielles de gaz de schiste pour l'Hexagone, à 3,9 milliards de mètres cubes (137 000 milliards de pieds cubiques) contre 5,1 milliards lors d'une étude similaire parue en 2011. Pour la Pologne, les réserves sont revues à 4,19 milliards de m3 contre 5,3 milliards il y a deux ans.

A titre de comparaison les réserves estimées de gaz de schiste de Russie s'élèvent à 47,8 milliards de m3 et celles des Etats-Unis à 16,1 milliards.

À titre de comparaison, les réserves estimées de gaz de schiste de Russie s'élèvent à 47,8 milliards de mètres cubes et celles des États unis à 16,1 milliards.

En termes de réserves de pétrole de schiste estimées, la France est en première place européenne avec 4,7 milliards de barils, devant la Pologne (3,3 milliards) et les Pays-Bas (2,9 milliards).

En Pologne, les premiers résultats de l'exploration des roches de schiste «n'ont pas atteint les attentes élevées du secteur», remarque l'EIA. L'agence rappelle qu'ExxonMobil y a abandonné son exploration tout comme Marathon Oil et Talisman.

Au Royaume-Uni, la géologie plus complexe rend les perspectives d'exploitation plus compliquées qu'aux États-Unis, estime l'EIA, et «les niveaux commerciaux de production de schiste doivent encore être établis».

En outre, «la fracturation hydraulique a eu un début catastrophique» en provoquant «de petits tremblements de terre localisés», qui ont entraîné son interdiction pendant 18 mois pour que le gouvernement évalue les risques.

En décembre 2012, le gouvernement britannique a «finalement approuvé l'exploration conditionnelle» des roches de schiste.

En France, l'étude rappelle que la société australienne Elixir a acquis dans le bassin de Moselle une concession de quelque 5000 km2.