Les cours du pétrole baissaient un peu mardi en cours d'échanges européens, des inquiétudes sur l'offre prenant le dessus sur des spéculations sur la hausse de la demande américaine à la veille de la publication hebdomadaire des stocks de brut américains.

Vers 6h30 (heure de Montréal), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet valait 101,88 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 18 cents par rapport à la clôture de lundi.

Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (NYMEX), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour la même échéance perdait 40 cents à 93,04 dollars.

Après avoir progressé lundi, les prix du brut reculaient légèrement mardi, dans un marché prudent à la veille de la publication du rapport hebdomadaire du Département américain de l'Énergie (DoE), qui fera état du niveau des stocks de pétrole brut dans le pays.

«La saison estivale des grands déplacements en voiture a maintenant commencé aux États-Unis et les opérateurs anticipent une augmentation conjoncturelle de la demande de pétrole», indiquaient les analystes de CMC Markets.

«Les stocks américains de brut n'ont pas beaucoup diminué jusqu'ici, les statistiques attendues (mercredi) seront donc particulièrement suivies», précisaient-ils.

Les données délivrées la semaine précédente avaient en effet mis en évidence des stocks au plus haut depuis le début de la publication de ces statistiques hebdomadaires en 1982, et d'un sommet depuis mai 1931 selon des chiffres mensuels du DoE.

Toutefois, ces attentes de hausse de la demande aux États-Unis ne parvenaient pas à soutenir les prix du pétrole mardi en raison d'inquiétudes autour de l'offre d'or noir.

Les violentes manifestations en Turquie, au cours desquelles deux personnes sont mortes ces derniers jours, inquiètent les analystes.

«La Turquie est un important pays de transit pour le brut et jouxte les régions riches en pétrole du nord de l'Irak», expliquaient les analystes de Commerzbank.

Les experts de la banque allemande s'inquiétaient également de l'interruption depuis ce week-end, en raison de problèmes techniques, de la production de pétrole de l'important gisement Buzzard en mer du Nord, dont sortent habituellement 200 000 barils de brut par jour.

Le marché restait par ailleurs dans l'attente «d'une information tangible sur la longévité des mesures de relance (de la Réserve fédérale américaine, la Fed)», expliquait Shavaz Dhalla, analyste chez Spreadex.

La contraction, pour la première fois depuis six mois, de l'activité manufacturière aux États-Unis, selon l'indice ISM publié lundi, avait alimenté l'espoir d'un maintien de la politique monétaire très accommodante de la Fed.

La publication de cet indicateur décevant avait soutenu les prix du brut lundi, car cette politique, par le biais d'injections de liquidités dans le système financier américain, a pour effet de stimuler les investissements dans les matières premières.

Mais tant que les perspectives de la politique monétaire de la Fed sont incertaines, «la volatilité devrait persister», prévenait Shavaz Dhalla.