Le développement par Barrick Gold de la mine de Pascua Lama, à cheval entre le Chili et l'Argentine, a été suspendu partiellement hier par un tribunal pour des raisons environnementales. Dans la foulée, l'action de l'entreprise canadienne a chuté de près de 9%, à 24,91$.

Q D'où vient cette décision?

R La Cour d'appel de la ville de Copiapo, dans le nord du Chili, a accepté, en émettant une injonction provisoire, de donner suite à la requête d'une communauté autochtone de la région qui argue que le projet de la minière canadienne comporte des «irrégularités environnementales». Ses membres affirment que l'entreprise n'a pas respecté les conditions imposées par les autorités chiliennes pour protéger leur approvisionnement en eau et les glaciers avoisinants. Selon Reuters, plusieurs mois pourraient s'écouler avant que l'appel soit entendu sur le fond et possiblement aboutir devant la Cour suprême.

Q Quelle a été la réaction de l'entreprise?

Le porte-parole de Barrick Gold à Toronto, Andy Lloyd, a déclaré hier que la firme n'avait pas encore été formellement avisée par le tribunal et qu'elle ne pouvait conséquemment préciser les répercussions de l'injonction. «Nous devons prendre connaissance de la décision avant de commenter plus avant», a-t-il déclaré. M. Lloyd a néanmoins insisté sur le fait que l'injonction ne ciblait que les opérations de développement au Chili, et non celles, plus importantes, en Argentine. «C'est là que sont concentrées les principales infrastructures», a-t-il déclaré.

Q Que disent les autorités locales?

R Le ministre de l'Intérieur du Chili, Andres Chadwick, s'est dit satisfait que les travaux aient été suspendus en attendant que les promoteurs de la mine se conforment «aux normes de protection de l'environnement». Un avocat des communautés indigènes, Lorenzo Soto, a confié à l'Agence France-Presse que le politicien était conscient de «l'importance» des manquements de l'entreprise dans ce domaine.

Q Y a-t-il d'autres problèmes environnementaux en vue?

R De nombreux groupes s'opposent au développement de la mine, de crainte notamment qu'elle affecte les glaciers qui se trouvent dans la zone ciblée, entre les régions de San Juan, en Argentine, et d'Atacama, au Chili. Une bataille juridique a notamment eu lieu côté argentin à la suite de l'introduction d'une loi visant à freiner l'activité économique à proximité des glaciers. La province de San Juan, qui soutient le projet minier, a obtenu une injonction pour bloquer son application, mais la Cour suprême l'a ensuite infirmée. Selon M. Lloyd, l'expertise environnementale menée par la suite n'a pas révélé d'impacts négatifs sur les glaciers.

Q En quoi consiste exactement le projet?

R Selon Barrick Gold, la mine de Pascua Lama sera, une fois en exploitation, l'une des plus importantes de la planète et l'une des moins coûteuses à exploiter. Elle contient, au dire de l'entreprise, des réserves «prouvées et probables» de 18 millions d'onces d'or ainsi que 676 millions d'onces d'argent. Le minerai extrait doit être acheminé dans les Andes, à haute altitude, par un long tunnel avant d'être transformé. Les coûts de développement ont été révisés plusieurs fois à la hausse. De l'estimation initiale de 2,5 à 3,0 milliards de dollars au moment du lancement en 2009, la facture a été majorée à 8,5 milliards l'année dernière. Le début de la production a été reporté de 2013 à la seconde partie de 2014.