Les investisseurs se préparent à la refonte annoncée du régime de redevances minières, car le gouvernement s'est engagé à en préciser les modalités avant l'été. On connaît toutefois les principes qui guident l'action gouvernementale.

La firme Dundee Marchés des capitaux a étudié l'impact d'une hausse des redevances sur une dizaine de sociétés québécoises, en analysant deux scénarios potentiels: une redevance de 5% sur la valeur brute de la production (sans taxe supplémentaire sur les profits), ou une telle redevance jumelée à un taux d'imposition global d'environ 45% sur les profits, donc un peu plus élevé que le taux actuel. Les sociétés dont les projets sont au stade du développement sont le plus à risque, mais les producteurs n'y échappent pas, selon un rapport de recherche de la firme torontoise.

LES MINES EN PRODUCTION

Agnico-Eagle

Les changements n'auraient pas d'impact significatif sur LaRonde, principale mine d'Agnico-Eagle au Québec. Mais ils pourraient réduire les chances d'une expansion de la mine Lapa ou d'une relance de la mine Goldex, prévue pour la fin de 2014. Dundee anticipe une baisse de la valeur de l'actif net de l'entreprise de 3 à 8%, selon le scénario retenu. Le scénario le plus exigeant pourrait par contre amputer les bénéfices par action de 17% en 2013 et de 22% en 2014.

Iamgold

Pas d'impact important à prévoir pour la nouvelle mine d'or Westwood, mais la hausse des redevances pourrait toucher significativement l'avenir du projet d'expansion à la mine Niobec. Dundee prévoit une baisse de la valeur de l'actif net de 10 à 16%, selon le scénario, et une baisse des bénéfices par action de 4 à 6% en 2013.

Osisko

«Impact notable» à prévoir sur la société, dont le vaisseau amiral est la mine Canadian Malartic. Dundee estime un recul de la valeur de l'actif net de 9 à 18%, selon le scénario retenu, et une baisse des bénéfices par action de 12 à 26% en 2013.

Mines Richmont

Avec ses coûts élevés, la mine Beaufor pourrait générer des profits malgré une hausse des redevances si le prix de l'or reste au-dessus de 1650$US. La mine pourrait néanmoins perdre 23% de sa valeur, mais le principal actif de Richmont (Island Gold) est en Ontario. Dundee estime une baisse de la valeur de l'actif net de 3 à 8% et une baisse des bénéfices par action de 16% en 2013.

LES PROJETS EN DÉVELOPPEMENT

Goldcorp

Peu d'impact à prévoir sur la société même si le projet Éléonore, à la Baie-James, est d'une grande envergure (600 000 onces d'or par année). «L'impact d'un projet de développement sur un producteur majeur établi avec 11 actifs en exploitation est minimal, ce qui démontre les bénéfices d'une base d'actifs étendue et diversifiée», écrit Dundee. La mine doit entrer en production à la fin de 2014.

Ressources d'Arianne

La société développe un projet de mine de phosphate au nord du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Dans le modèle de calcul de Dundee, une hausse des redevances amputerait de 15 à 19% de la valeur de l'actif net de l'entreprise.

Nemaska Lithium

Nemaska veut lancer une mine de lithium à la Baie-James (projet Whabouchi) et construire une usine de transformation à Salaberry-de-Valleyfied. Dundee estime une baisse de la valeur de l'actif net de 7 à 20%, selon le scénario de hausse de redevances mis de l'avant par Québec.

Champion Iron Mines

Parmi les sociétés analysées par Dundee, Champion est celle qui souffrirait le plus d'une hausse de redevances. Elle doit déjà considérer une redevance de 2,5% à une autre entreprise pour son projet de mine de fer Fire Lake North, au sud de Fermont, et une redevance gouvernementale sur la valeur brute ajouterait «du sel sur la blessure», soutient Dundee. La valeur de l'actif net de Champion pourrait diminuer de 16 à 30%.

NDLR: La valeur de l'actif net équivaut à la valeur estimée des actifs d'une entreprise, moins les éléments du passif.