Alors qu'il vient de lancer l'une des plus grandes mines d'or au pays, dans le nord de l'Ontario, le Québécois Gérald Panneton, grand patron de Detour Gold (T.DGC), n'entend pas laisser détourner son attention de sa mine.

Le Trifluvien d'origine consacrera toute son énergie et tout son temps à la bonne marche des opérations de la mine, située près de la frontière entre le Québec et l'Ontario. Pas d'acquisitions, pas de participations au conseil d'autres sociétés, pas d'autres projets «au bout du monde», a-t-il affirmé dans une entrevue avec La Presse Affaires, dans les bureaux de Detour Gold à Toronto.

Detour a coulé son premier lingot d'or à la mi-février à son immense mine à ciel ouvert dont les paramètres d'exploitation (fort tonnage, faible teneur) sont semblables à ceux d'Osisko, à Malartic: production prévue de 55 000 tonnes de minerai par jour, pour plus de 600 000 onces d'or par année. Detour Lake rivalisera avec la mine souterraine Red Lake, de Goldcorp, pour le titre de la plus importante mine d'or au pays.

Des défis

Le démarrage n'a pas été exempt de défis. Il a fallu 43 jours pour faire fonctionner correctement la première des deux chaînes de production. Mais la marche vers la production commerciale est bel et bien entamée pour ce projet de 1,5 milliard dont la construction a débuté en 2010.

Maintenant, tout l'accent est mis sur le fonctionnement optimal de la mine. «Nous ne sommes pas éparpillés, soutient Gérald Panneton. Nous n'avons aucun dirigeant qui siège à d'autres conseils», ajoute-t-il. L'important, c'est d'être «capables de livrer les prévisions».

D'autres sociétés possédant une seule mine, comme Osisko, ont choisi le chemin de la diversification. Osisko a notamment magasiné en Ontario en achetant le projet Hammond Reef et la société Queenston Mining.

Gérald Panneton n'empruntera pas cette voie. «Une diversification, cela prendrait de mon temps», dit-il. C'est souvent pour réduire les risques qu'une société évite de se limiter à un seul actif en production. Mais M. Panneton juge que son risque est plutôt faible, étant donné qu'il exploite une mine à ciel ouvert avec deux lignes de traitement de minerai. Et si jamais Detour devait faire une acquisition, «ce ne sera pas en payant avec des actions, mais de l'argent», dit-il.

M. Panneton se félicite d'ailleurs d'avoir «contrôlé» le niveau d'actionnariat pendant le développement du projet (le nombre d'actions en circulation est passé de 40 à 120 millions).

Il faut dire que comme Osisko, Detour a profité d'un «timing incroyable» pour financer son ambitieux projet. «Ce serait probablement plus difficile à financer aujourd'hui, admet M. Panneton. L'argent ne va plus dans les mines. Et avec la hausse des coûts, ce projet coûterait 2 milliards aujourd'hui.»

Detour arrive dans le club des producteurs alors que les actions des sociétés aurifères (y compris celles de Detour) sont durement frappées à la Bourse depuis plus d'un an.

«Le prix de l'or est passé de 500 à 1500$ [depuis 2006] mais les marges de profit n'ont pas augmenté autant», observe-t-il. Les sociétés sont allées construire des projets très coûteux «à l'autre bout du monde», ce qui a mené à d'importantes radiations dans plusieurs cas. Gérald Panneton en a pris bonne note et souhaite que la croissance de sa société passe d'abord par l'exploration de sa vaste propriété, au nord-est de la ville de Cochrane, et la découverte de zones à plus haute teneur.

Il en coûtera environ 1000$ à Detour Gold pour produire chaque once d'or. Le prix du métal jaune tournait autour de 1614$US l'once la semaine dernière.

Le titre de Detour Gold se négocie ces jours-ci aux environs de 20$ à la Bourse de Toronto, pour une capitalisation boursière d'environ 2,3 milliards.

Detour Gold

Capitalisation boursière : 2,3 milliards

Superficie de la propriété : 566 kilomètres carrés

Production annuelle prévue : 657 000 onces

Réserves : 15,6 millions d'onces

Durée de vie actuelle de la mine : 21 ans

Valeur actuelle nette du projet : 1,7 milliard