Le cours de l'or, qui piétinait ces dernières semaines, a retrouvé un peu de son éclat à l'occasion de la crise à Chypre, laquelle a ravivé les inquiétudes sur la zone euro et incité les investisseurs à se réfugier vers la valeur-refuge par excellence.

OR

Le prix de l'or a grimpé dès le début de la semaine et conforté ses gains au fil des jours, à mesure que grandissaient les incertitudes sur le dossier chypriote, se hissant même jeudi à 1617,07$ l'once, au plus haut depuis un mois.

Le Parlement chypriote a rejeté mercredi un plan controversé, qui prévoyait le versement d'une aide internationale en contrepartie d'une taxation des dépôts bancaires du pays - une mesure inédite qui a provoqué un tollé. Mais en fin de semaine, Nicosie peinait à trouver une solution alternative pour sauver ses banques.

«La crise financière à Chypre semble encore loin d'être résolue, et au contraire a même l'air d'empirer. Du coup, il n'est pas surprenant de voir l'or reprendre des couleurs», a commenté Angus Campbell, analyste du courtier Capital Spreads.

«La demande de métal jaune a gonflé alors que les investisseurs cherchaient un actif sûr où se réfugier et on peut dire que la tendance à court terme pour le cours de l'or est désormais à la hausse» après des semaines d'atermoiements, a-t-il ajouté.

«Les risques de contagion de la crise de Chypre devraient probablement être contenus, étant donné la situation particulière du pays, où le secteur financier est démesuré par rapport au PIB, d'autant que les banques des autres pays périphériques de la zone euro sont maintenant mieux capitalisées» et donc plus résistantes aux chocs, a tempéré Suki Cooper, analyste de Barclays.

«Il n'est reste pas moins que les implications potentielles (d'un effondrement du secteur bancaire à Chypre) pour le reste de la zone euro sont suffisantes pour raviver l'appétit des investisseurs pour l'or», a-t-elle ajouté, notant que la Réserve fédérale américaine (Fed) avait également apporté un coup de pouce au marché.

La Fed a ainsi confirmé mercredi qu'elle poursuivrait sa politique monétaire ultra-accommodante. Or, les injections massives de liquidités par l'institution dans l'économie contribuent à diluer la valeur du dollar - rendant plus attractifs les achats d'or, libellés dans la monnaie américaine, pour les détenteurs d'autres devises.

En revanche, «le rebond des cours de l'or ces derniers jours pèse sur la demande physique d'or (bijoux et lingots, par opposition à la demande d'investissements, ndlr), avec une consommation toujours stagnante en Inde et un ralentissement des volumes échanges sur le marché des métaux précieux de Shanghai», a averti Mme Cooper.

Or, l'Inde et la Chine, les deux plus gros pays consommateurs d'or dans le monde, «joueront un rôle crucial pour déterminer la trajectoire du cours du métal jaune dans les prochains mois», notait Mitul Kotecha, analyste du Crédit Agricole, rappelant que la bonne santé de l'économie chinoise devrait a priori tirer la demande en Asie.

En revanche, et en dépit de Chypre, le plus gros fonds d'or coté dans le monde, SPDR Gold Trust, a de nouveau vu le niveau de ses participations, qui ressortaient jeudi à 1221,26 tonnes, baisser à des niveaux plus vus depuis juillet 2011.

Il a lâché plus de 100 tonnes en l'espace d'un mois, signe d'une vive désaffection pour les produits financiers spéculatifs adossés à l'or.

«Nombre d'investisseurs sont déçus par la performance de l'or, qui a perdu plus de 5% depuis le début de l'année, et préfèrent clairement se désengager» pour se procurer des liquidités, «au profit des marchés actions», plus rémunérateurs, a-t-on commenté chez Commerzbank.

Sur le London Bullion Market, l'once d'or a terminé à 1607,75$ vendredi contre 1595,50$ le vendredi précédent.

ARGENT

Le métal gris a de nouveau épousé les mouvements de l'or, terminant la semaine à 29,06$ l'once, contre 28,91$ sept jours auparavant.

PLATINE/PALLADIUM

Les cours des métaux platinoïdes, dont le principal débouché est l'industrie automobile, ont connu un coup d'arrêt cette semaine, pâtissant comme les métaux de base d'un accès de défiance pour les actifs jugés risqués, comme de chiffres décevants sur les immatriculations de voitures neuves en Europe en février (-10,5% sur un an).

Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine a terminé vendredi soir à 1580$ contre 1593$ une semaine auparavant.

L'once de palladium a fini à 754$ contre 774$ le vendredi précédent.