Les cours du pétrole ont terminé en nette baisse jeudi à New York, minés par des nouvelles maussades en provenance de la zone euro, entre un indicateur décevant sur l'activité, la crise chypriote ou la baisse de la monnaie unique.

Le baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en mai, dont c'est le premier jour de cotation, a perdu 1,05$ sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), pour s'établir à 92,45$.

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance a terminé à 107,47$ sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,25$ par rapport à la clôture de mercredi.

«Les prix du pétrole se sont retrouvés sous une forte pression en raison de plusieurs informations sur l'économie européenne», a relevé Carl Larry, expert de Oil Outlooks and Opinions.

Le marché a ainsi été refroidi par la publication d'une accélération en mars de la contraction de l'activité privée dans la zone euro. Elle pourrait précéder une intensification de la récession dans les prochains mois ce qui est de mauvaise augure pour la consommation énergétique dans la région.

Les investisseurs ont en particulier été surpris par l'indice pour l'Allemagne, qui s'est affiché en deçà des prévisions alors même que ce pays est généralement considéré comme le moteur de la croissance de la zone euro.

Le marché s'est aussi inquiété des derniers développements à Nicosie.

Paralysée par la crise financière, Chypre cherchait jeudi à éviter coûte que coûte la faillite de ses banques, mais ne donnait dans l'immédiat aucun détail sur un plan censé lui apporter les milliards d'euros que l'Europe exige en contrepartie de son aide.

Toutes ces nouvelles ont pesé sur l'euro, qui reculait en conséquence face au dollar. Or le renchérissement du billet vert rend moins attractifs les achats de brut libellés en dollar pour les investisseurs munis d'autres devises.

Concentrés sur l'Europe, les investisseurs ont ignoré des indicateurs encourageants aux États-Unis dont un redressement en mars de l'activité manufacturière dans la région de Philadelphie et une nouvelle hausse, pour le troisième mois consécutif, de l'indice composite publié par l'institut Conference Board.

De la même façon, la publication avant le début de la séance d'une légère remontée des nouvelles inscriptions hebdomadaires au chômage aux États-Unis, moins forte qu'attendu par les analystes, n'a pas eu d'impact significatif sur les cours.

Et alors que les cours du pétrole avaient été revigorés mercredi par une baisse inattendue des réserves de brut aux États-Unis et le maintien de la politique ultra-accommodante de la Réserve fédérale américaine (Fed), certains opérateurs en profitaient également pour «procéder à des prises de bénéfices et participer ainsi à une petite correction du marché», selon Rich Ilczyszyn, de iiTrader.com.

«Comme l'offre de pétrole reste abondante aux Etats-Unis et dans le monde, on rencontre des seuils de résistance autour de 94 ou 95$», a-t-il noté.