Profondément divisés sur la pertinence que le Québec se lance dans l'exploitation de l'uranium, les citoyens jugent que leur gouvernement devrait déclencher un examen indépendant de toute la filière avant d'y ouvrir toute grande la porte.

Selon un sondage Léger commandé par l'Initiative boréale canadienne, 35 % des Québécois sont favorables à l'exploitation de l'uranium, contre 39 % qui y sont défavorables. Cependant, 78 % des répondants appuient l'idée d'une évaluation sur les impacts économiques, environnementaux et sociaux de cette nouvelle filière, un peu à l'image de l'évaluation qui a cours actuellement sur le gaz de schiste.

Les deux tiers des Québécois souhaitent aussi l'instauration d'un moratoire, qu'il soit permanent (22%) ou temporaire (40 %) sur l'extraction de l'uranium. La question de sondage mentionnait que d'autres provinces - la Colombie-Britannique et la Nouvelle-Écosse - ont un tel moratoire en vigueur.

«Les Québécois privilégient le principe de précaution», affirme la directrice de l'IBC pour le Québec, Suzann Méthot. On note en effet qu'une bonne majorité de répondants (76%) n'ont pas entendu parler d'éventuelles mines d'uranium au Québec.

«Dans le doute, ils ne veulent pas foncer tête baissée», analyse Mme Méthot, qui souhaiterait aussi que Québec lance des évaluations globales sur le secteur des terres rares ou sur la ruée sur le fer de la Fosse du Labrador.

Le cas Matoush

Il existe actuellement un projet d'exploration d'uranium avancé au Québec, au nord de Chibougamau et Mistissini. La société Ressources Strateco attend l'autorisation du gouvernement du Québec pour aller de l'avant avec une phase d'exploration souterraine, mais les Cris de Mistissini sont contre la poursuite des travaux. Strateco a fait appel aux tribunaux pour forcer Québec à rendre une décision.

La firme Léger a d'ailleurs mené un autre sondage pour l'IBC dans la région de la Baie-James, directement concernée par le projet Matoush, de Strateco. Le sondage confirme les perceptions bien différentes des Cris et non-Cris par rapport à l'uranium.

Presque trois quarts des Cris (73%) s'opposent à une mine d'uranium dans leur région, contre seulement 31 % chez les non-Cris; 63 % des non Cris croient toutefois que la société Strateco devrait prendre acte de l'opposition des Cris et ne pas aller de l'avant avec le projet. Près de neuf répondants sur 10 (86 %), Cris et non-Cris, appuient l'idée d'un examen provincial indépendant de la filière de l'uranium.

Ce second sondage dans la région de la Baie-James a été mené par téléphone auprès de 300 répondants (150 Cris et 150 non-Cris), entre le 12 et le 19 février. La marge d'erreur maximale avec un tel échantillon de 300 répondants est de plus ou moins 5,66%, 19 fois sur 20.

Le ministre de l'Environnement du Québec, Yves-François Blanchet, a pris connaissance des sondages de l'IBC, mais nos demandes d'entrevue sont demeurées vaines.