L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a légèrement révisé à la baisse sa prévision pour la demande mondiale de pétrole en 2013 dans son rapport mensuel publié mercredi, tempérant les espoirs suscités par les signes d'amélioration économique en Chine et aux États-Unis.

Dans le même temps, le porte-voix énergétique des pays développés a apporté de l'eau au moulin des Occidentaux sur l'Iran, en estimant que leurs embargos pétroliers coûtaient plus de 3 milliards de dollars par mois au pays, dont la production a atteint en janvier un nouveau plus bas depuis 30 ans.

Côté demande, l'AIE prévoit désormais une consommation d'or noir de 90,7 millions de barils par jour (mbj) cette année, soit 90 000 barils par jour de moins que dans son précédent rapport de janvier.

« En dépit de signes d'amélioration en Chine et aux États-Unis, des conditions macroéconomiques médiocres devraient limiter la croissance de la demande mondiale de pétrole à environ 840.000 barils par jour en 2013, à 90,7 mbj », a souligné l'AIE.

« La prévision est inférieure de 90 000 barils par jour aux estimations du mois dernier, le Fonds Monétaire International ayant réduit sa prévision de croissance à 3,5%, contre 3,6% auparavant », a-t-elle affirmé.

L'Europe et l'Amérique du Sud, qui souffrent économiquement, sont les deux continents qui représentent l'essentiel de cette révision à la baisse, a expliqué l'AIE, qui efface ainsi une légère révision à la hausse le mois dernier.

La nouvelle prévision correspond à une hausse de 0,9% de la consommation mondiale par rapport à 2012, selon l'agence internationale basée à Paris.

Mardi, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui représente 35% de la production mondiale d'or noir, s'était elle montrée plus optimiste, relevant sa prévision de demande du fait de « signes d'une reprise économique mondiale » et d'un hiver particulièrement rigoureux dans certaines régions.

40 milliards perdus pour l'Iran

Côté offre, le cartel semble entré dans une phase de soutien des prix du brut: la production de l'OPEP était en janvier 2013 au plus bas depuis douze mois, a relevé l'AIE mardi, à 30,3 mbj, soit 100 000 barils par jour de moins qu'en décembre et environ 1,5 mbj de moins que son niveau de mi-2012.

La production du cartel baisse notamment en raison de la chute continue des volumes iraniens, affectés par les sanctions internationales. Selon les estimations de l'AIE, la production de l'Iran est tombée en janvier à 2,65 millions de barils par jour, et les exportations auraient même chuté sous la barre du million de barils par jour, selon ses estimations préliminaires.

Après avoir encore abandonné 50.000 barils par jour le mois dernier, elle évolue désormais au plus bas depuis « trois décennies » et la phase la plus dure de la guerre Iran-Irak, selon l'AIE. Avant les nouvelles vagues de sanctions entamées fin 2011, la production iranienne naviguait autour de 3,7 mbj.

Au final, les sanctions occidentales visant le pétrole iranien ont amputé en 2012 de plus de 40 milliards de dollars (environ 30 milliards d'euros) les revenus d'exportation du pays, selon l'agence, ou encore 3,4 milliards de dollars par mois au cours actuel du pétrole.

Mais l'Arabie saoudite, au coude à coude avec la Russie comme premier producteur mondial, a aussi significativement réduit sa production ces derniers mois, passant des sommets voisins des 10 mbj à environ 9,25 mbj en janvier, selon les chiffres de l'AIE. La production irakienne est également au plus bas depuis 6 mois.

Conséquence, l'AIE a réduit de 100 000 barils par jour sa prévision de production de l'OPEP, à 29,8 mbj. Ces baisses soutiennent les prix du pétrole, qui gravitent depuis plus d'un an autour d'une fourchette relativement stable de 100 à 120 dollars le baril.