Tembec (TBC.TO) dénonce à son tour l'aide financière consentie par Québec pour faciliter la réouverture de l'usine de papier Stadacona de White Birch, à Québec.

En marge de l'assemblée annuelle de Tembec, tenue jeudi à Montréal, le grand patron de l'entreprise, James Lopez, a soutenu que l'«entente spéciale» conclue entre Québec et White Birch faisait en sorte de «déséquilibrer» le marché du papier.

«De toute évidence, il est difficile de faire concurrence quand un joueur obtient une aide qui lui donne un avantage indu», a-t-il déclaré.

L'été dernier, Québec a accordé à White Birch un prêt de 35 millions de dollars à taux d'intérêt avantageux pour permettre la relance de l'usine Stadacona, qui était alors fermée depuis plus de sept mois. White Birch est en restructuration judiciaire depuis 2010.

Le gouvernement s'est également engagé à verser à l'entreprise une subvention maximale de 3,7 millions de dollars pour l'aider à former sa main-d'oeuvre.

De plus, Québec a autorisé White Birch à modifier les régimes de retraite de ses employés pour les rendre moins généreux, ce qui en diminue les coûts pour l'entreprise. Pour Tembec, qui doit verser entre 25 et 30 millions de dollars par année à ses régimes de retraite, la pilule est difficile à avaler.

L'an dernier, Produits forestiers Résolu [[|ticker sym='T.RFP'|]] avait aussi fustigé l'aide apportée par Québec à White Birch, un important employeur de la capitale.

Le marché nord-américain du papier journal continue de rétrécir, même si la chute est moins forte qu'il y a quelques années. Selon Tembec, la réouverture de la Stadacona et d'une autre usine aux États-Unis exerce une pression sur les prix, qui étaient relativement stables depuis plusieurs trimestres.

«Il est malheureux que les propriétaires de ces papetières essaient de s'acheter des parts de marché, a lancé M. Lopez. (...) Pour les deux ou trois prochains trimestres au moins, nous allons voir les prix diminuer par rapport à la situation qui existait au cours des huit derniers trimestres.»

Résultats

Au premier trimestre de son exercice financier, qui a pris fin le 29 décembre, Tembec a subi une perte nette de 10 millions de dollars (10 cents par action) alors que l'entreprise avait perdu 16 millions de dollars (16 cents par action) pendant la même période de l'année précédente.

Le chiffre d'affaires a reculé de 6,2 % pour atteindre 376 millions de dollars.

Conséquence du ralentissement économique mondial, les revenus de tous les secteurs d'activité ont fléchi: bois, cellulose de spécialité, pâte à papier et papier.

La direction de Tembec croit que les marchés du papier et de la pâte à papier demeureront difficiles cette année, mais que celui du bois continuera de s'améliorer. Dans le secteur de la pâte, de nouvelles usines sud-américaines augmenteront la capacité mondiale de production d'environ 10 %, ce qui nuira aux prix.

L'entreprise a annoncé jeudi la mise en vente de son usine de pâte à papier de Skookumchuck, en Colombie-Britannique, qui ne cadre plus avec ses priorités.

En fait, comme Tembec veut désormais se concentrer sur la cellulose de spécialité, le créneau le plus rentable de l'industrie des pâtes et papiers, toutes les installations de l'entreprise qui n'y sont pas reliées sont susceptibles d'être cédées un jour ou l'autre.

«Les autres actifs font tous l'objet d'une évaluation à savoir s'ils peuvent générer les rendements que l'entreprise aimerait obtenir à long terme, a expliqué James Lopez. Il s'agit d'établir s'il est plus logique pour nous de les conserver ou de les vendre.»

La vente des actifs non reliés à la cellulose pourrait toutefois mettre des années à se concrétiser.

Tembec investit actuellement 190 millions de dollars dans son usine de cellulose de spécialité de Témiscaming, au Québec, un projet qui doit permettre d'augmenter de 40 à 45 millions de dollars par année le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) de l'entreprise.

Le projet a été retardé de quelques mois en raison d'une importante hausse des coûts suscitée par l'effervescence de l'industrie minière, qui mobilise de nombreux travailleurs de la construction en Abitibi-Témiscamingue. Les travaux doivent reprendre au printemps.

La composante clé du projet est l'équipement de cogénération qui permettra à l'usine de produire et de vendre de l'électricité à Hydro-Québec.

La société d'État s'est engagée par contrat à acheter l'électricité de Tembec pendant 25 ans. En outre, le bras financier du gouvernement, Investissement Québec, a prêté à l'entreprise la somme de 75 millions de dollars à un taux d'intérêt de six % pour financer le projet.

La cellulose est un produit du bois utilisé dans les industries de l'alimentation, des médicaments, des cosmétiques, des plastiques et des adhésifs.

L'action de Tembec a clôturé à 2,94 $ jeudi, en baisse de 2,7 %, à la Bourse de Toronto.