L'industrie minière au Canada a réussi à tirer son épingle du jeu malgré la forte concurrence mondiale jusqu'ici, mais la pénurie de main-d'oeuvre à laquelle elle fait face pourrait lui faire perdre sa place de leader, estime la Chambre de commerce du Canada (CCC) dans un rapport qui sera rendu public aujourd'hui.

Le secteur minier aura besoin de 75 000 à 141 000 travailleurs d'ici 2021 pour demeurer concurrentiel. Et au moins 50% des embauches serviront uniquement à remplacer des travailleurs qui prendront leur retraite, selon ce rapport obtenu par La Presse Affaires.

Ce rapport, intitulé «Capitale minière du monde: Comment le Canada a transformé ses richesses naturelles en avantage concurrentiel mondial», vise à faire le point sur cette importante industrie pour l'économie canadienne. On y apprend que la pénurie de travailleurs compétents est un phénomène mondial.

Or, le gouvernement fédéral et les provinces peuvent aider le secteur minier canadien à relever ce défi en attirant des immigrants ayant les compétences pour pourvoir ces postes et en investissant dans l'éducation et la formation de la main-d'oeuvre au pays.

Et selon le rapport, la solution résiderait surtout dans des communautés autochtones. C'est là que les investissements gouvernementaux pourraient s'avérer les plus payants pour l'industrie. D'autant plus que plusieurs projets d'exploitation du secteur minier se trouvent dans le Nord ou près des territoires autochtones.

Aussi, le gouvernement peut faciliter le recrutement de travailleurs immigrants en réduisant la paperasse et en consultant davantage l'industrie afin de connaître ses besoins. La création d'une banque de données nationale des emplois disponibles dans le secteur serait aussi un atout.

Selon le président de la CCC, Perrin Beatty, la pénurie de compétences croissante est en voie de devenir une contrainte importante pour les industries minières, qui, souligne-t-il, emploient plus de 320 000 Canadiens et apportent 35,6 milliards de dollars au produit intérieur brut du pays.

Le Canada jouit déjà de plusieurs avantages, selon le rapport. Toronto est la capitale mondiale du financement minier. La Colombie-Britannique bénéficie de la plus forte concentration d'entreprises d'exploration minière et monde. Et Sudbury, en Ontario, est un centre minier centenaire où plus d'une douzaine de mines sont en exploitation. Enfin, l'industrie minière canadienne s'est adaptée à la mondialisation des échanges et elle représente l'un des secteurs où les entreprises canadiennes investissent beaucoup à l'étranger.

Demeurer chef de file

«Nous avons exploité nos richesses métallifères et minérales non seulement en extrayant et en transformant des matières premières, mais aussi en créant et en commercialisant le savoir lié à la façon de mettre en valeur ces ressources. Ce dont nous avons besoin maintenant, c'est de faire en sorte de renforcer les facteurs qui ont fait de nous un chef de file mondial dans le secteur», selon Perrin Beatty, grand patron de la CCC.

Dans le rapport d'une cinquantaine de pages, on recommande aussi de maintenir un régime d'imposition qui favorise les investissements en offrant notamment un crédit d'impôt ciblé pour les activités d'exploration dans les régions éloignées.

Le Canada doit aussi conclure des accords sur la promotion et la protection de l'investissement étranger avec les pays où les entreprises canadiennes du secteur minier sont présentes.

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SECTEUR MINIER AU CANADA (2011)

- Nombre d'emplois au pays: 320 000

- Valeur des exportations minières: 102 milliards