Après avoir rejeté hier l'offre hostile de 780 millions d'Alamos Gold (T.AGI), le conseil d'administration de Mines Aurizon (T.ARZ) examinera des «solutions de rechange potentielles», incluant des discussions avec d'autres acheteurs éventuels. Mais plusieurs analystes doutent qu'un chevalier blanc réponde à l'appel d'Aurizon, un producteur d'or entièrement tourné vers le Québec.

Aurizon est établie à Vancouver, mais sa mine Casa Berardi - environ 150 000 onces d'or par année - est au nord de La Sarre, et tous ses projets d'exploration sont au Québec, principalement en Abitibi-Témiscamingue.

Alamos Gold, établie à Toronto, mais qui compte sur une mine au Mexique et des projets d'exploration en Turquie, a déposé le 14 janvier une offre hostile de 780 millions pour Aurizon, en actions et en argent, qui représente environ 4,65$ l'action.

Hier, le conseil d'administration d'Aurizon a déclaré que cette offre était «inadéquate sur le plan financier et opportuniste», alors qu'Aurizon vivait une «année de transition» à la mine Casa Berardi - la société approfondit le puits pour accéder à de nouvelles zones minéralisées. Le comité spécial mis en place par le conseil pour étudier l'offre d'Alamos dispose d'avis défavorables de Scotia Capitaux et de CIBC Marchés mondiaux.

Le titre d'Aurizon était resté relativement stable depuis 2009 (entre 4 et 6$ avec une pointe à 8$), jusqu'à ce qu'il culbute de 20% à la fin 2012 après des résultats trimestriels décevants et une baisse de la production prévue en 2012 et 2013. Alamos a profité de ce recul autour de 3,40$ pour augmenter sa participation dans Aurizon à 16% et déposer son offre pour le reste des actions.

Vers une offre bonifiée?

La réaction négative d'Aurizon n'est pas une surprise, mais plusieurs analystes croient que la proie et le prédateur sont condamnés à s'entendre. BMO Marchés des capitaux, Valeurs mobilières Desjardins (VMD) et la Financière Banque Nationale (FBN) estiment que l'intervention d'un chevalier blanc est peu probable.

Adam Melnyk, de VMD, note toutefois qu'Alamos a encore de la marge de manoeuvre pour bonifier son offre. Paolo Lostritto, de la FBN, croit également qu'une offre améliorée pourrait convaincre Aurizon.

Heiko Ihle, d'Euro Pacific Capital, s'attend pour sa part à une offre concurrente. À ses yeux, un prix raisonnable se situerait dans une fourchette de 5,50 à 6,00$ l'action.

Au moment du dépôt de l'offre d'Alamos, l'analyste Michael Fowler, de la firme torontoise Loewen Ondaatje McCutcheon, a affirmé qu'Iamgold et Agnico-Eagle, tous deux actifs au Québec, seraient susceptibles de faire monter les enchères. Agnico-Eagle s'est refusé à tout commentaire hier. Iamgold n'a pas rappelé La Presse Affaires.

Les investisseurs n'ont pas bronché hier après l'annonce d'Aurizon. Le titre (ARZ) a gagné deux cents, sur un volume plus faible que la moyenne, pour clôturer à 4,76$. Celui d'Alamos (AGI) a gagné 0,6%, à 16,05$.

Au 31 décembre 2011, la Caisse de dépôt et placement du Québec détenait environ 2,2 millions d'actions d'Aurizon, soit plus d'un pour cent de la société.