À en croire un sondage CROP, les Québécois sont clairement en faveur de l'idée d'inverser le flot de l'oléduc d'Enbridge pour transporter du pétrole de l'Alberta au Québec.

Pas moins de 70% des répondants se sont déclaré «très favorables» ou «plutôt favorables» à l'idée de faire venir du pétrole par oléoduc à partir de l'Alberta. Environ 21% sont «plutôt défavorables» et seulement 9% sont «très défavorables».

L'appui est encore plus fort au sujet du projet spécifique d'Enbridge, soit l'inversement du flot de l'oléoduc de Sarnia à Montréal, pour permettre le transport du pétrole albertain au Québec: 71% des répondants sont favorables, 29% sont défavorables.

L'appui est un peu plus élevé dans les régions de Québec et de Montréal que dans le reste de la province. L'appui est également plus élevé chez les libéraux et les caquistes que chez les péquistes.

«La population en général est beaucoup plus favorable que ce qu'on laisse entendre dans certaines manifestations», a déclaré la présidente-directrice générale de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), Françoise Bertrand, dans une entrevue téléphonique avec La Presse Affaires.

C'est la FCCQ qui a commandé le sondage, réalisé par CROP sur l'internet auprès de 1000 personnes du 5 au 10 décembre dernier.

Les répondants ont reconnu (dans une proportion de 63%) que l'argument voulant que le pétrole des sables bitumineux soit polluant était convaincant. Mais les arguments favorables au projet d'oléoduc sont plus convaincants à leurs yeux: plus d'indépendance face au pétrole d'Afrique et du Moyen-Orient (79% des répondants jugent cet argument convaincant), la création de nouveaux emplois dans le secteur pétrochimique à Montréal et à Québec (73%) et l'idée que le transport par oléoduc soit plus sécuritaire que le transport par bateau (74%).

En fait, 76% des répondants préfèreraient du pétrole provenant des sables bitumineux d'Alberta, transporté par oléoduc, au pétrole conventionnel d'Algérie transporté par bateau.

«Les Québécois font le constat qu'il est plus avantageux, tant pour l'environnement que pour l'économie, de s'approvisionner en pétrole de l'intérieur du pays plutôt que de le faire venir par bateau, a affirmé Mme Bertrand. Ils souhaient qu'on soit moins dépendants du pétrole étranger afin d'accroître la stabilité de notre approvisionnement énergétique».

Elle a rappelé que l'oléoduc d'Enbridge existait déjà.

«C'est déjà une exploitation en cours qui obéit aux normes les plus exigeantes et qui s'inspire des technologies les plus récentes, a-t-elle soutenu. On ne parle pas de transformer un territoire, de construire quelque chose, c'est déjà là.»

CROP a également sondé les répondants au sujet d'autres combustibles: si 58% sont en faveur de l'extraction du pétrole dans le golfe du Saint-Laurent, seulement 28% sont en faveur de l'exploitation du gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent.