Après une traversée du désert de plus d'un an, les sociétés d'exploration minière entrevoient l'oasis qui pourrait assouvir leur soif de financement. Mirage ou réalité? En attendant de le savoir, les entreprises se rationnent et survivent comme elles peuvent.

Un rapport de Price-waterhouseCoopers (PwC) sur l'état de santé des 100 plus importantes minières du TSX Croissance (des sociétés d'exploration ou de développement en majorité) fait état d'une période épouvantable pour le financement des sociétés juniors, qui ont continuellement besoin d'argent pour poursuivre leurs quêtes de nouveaux gisements.

Les financements en dettes et en actions de ces sociétés ont fondu de 52% entre juillet 2011 et juin 2012, par rapport à l'année précédente. Dans la foulée du recul des prix des métaux et de la persistante aversion des investisseurs pour le risque, leur capitalisation boursière a fondu de 43%. Avec des cours d'action dépressifs, ce n'est rien pour les inciter à se financer sur le marché des actions non plus.

Mais il y a l'ombre d'une reprise à l'horizon, selon PwC. Les fusions et acquisitions reprennent du rythme. On prévoit une augmentation des premiers appels publics à l'épargne, après la spectaculaire entrée en Bourse d'Ivanplats, société tournée vers l'Afrique dont la valeur était fixée à 2,5 milliards de dollars à l'ouverture, le 17 octobre. Et le volume global de transactions sur le TSX Croissance s'est raffermi au troisième trimestre. «Il y a davantage d'activité, et cela laisse sous-entendre un regain d'intérêt», note Nochane Rousseau, spécialiste de l'industrie minière pour le Québec chez PwC.

Projets sur la glace

En attendant que la reprise se concrétise, les sociétés d'exploration traversent la crise comme elles le peuvent. Les récents résultats des sociétés de forage démontrent clairement que des entreprises ont mis leur projet sur la glace.

Par exemple, la société Uracan, qui menait des travaux d'exploration d'uranium sur la Côte-Nord, a été forcée de suspendre ses projets et sa survie est remise en cause, faute de financement pour remplir ses obligations courantes. L'action (URC) vivote à 1,5 cent.

D'autres entreprises peuvent toutefois se tourner vers d'autres sources de financement, observe Nochane Rousseau.

Dans certains cas, elles gagnent l'appui d'un important client qui investit directement dans leur projet, comme c'est le cas dans le secteur du fer avec la présence au Canada d'acteurs chinois (WISCO) ou indien (Tata Steel). Cela permet aux sociétés juniors de faire l'impasse sur les financements par actions.

D'autres sociétés peuvent conclure des financements liés à leur production même, et il faut s'attendre à voir ce modèle se répandre de plus en plus en 2013, selon PwC. Stornoway Diamond Corporation, en pleine recherche de financement pour son projet Renard au Québec, s'est dite ouverte à la possibilité de vendre d'avance une partie de sa future production de diamant (streaming) ou une redevance sur les ventes potentielles. Son président, Matt Manson, a dit étudier cette option afin de réduire au minimum l'émission de nouvelles actions (SWY) et éviter une dilution dommageable pour les actionnaires actuels.

Certaines sociétés minières ont eu plus de chance. Canada Lithium, qui achèvera bientôt de construire une nouvelle mine de lithium en Abitibi, a mis la main sur 110 millions de dollars en janvier 2011, soit la moitié des fonds nécessaires à la construction de la mine. Le prix de l'action (CLQ) a piqué du nez par la suite, sans jamais se rapprocher du niveau de l'époque. «Si on n'avait pas fait ça à ce moment-là, il nous faudrait attendre aujourd'hui», souligne le vice-président à l'exploitation de Canada Lithium, Charles Taschereau.