Le cabinet du ministre de l'Environnement, Daniel Breton, soutient que la société Osisko a elle-même «beaucoup contribué» au retard de l'important sautage de la société minière, prévu aujourd'hui à Malartic si les vents sont favorables.

À Malartic, une bonne partie de la communauté, du maire aux commerçants en passant par les employés et sous-traitants de la mine, tient le Ministère du Développement durable, de l'Environnement, de la Faune et des Parcs (MDDEFP) responsable du ralentissement des activités de la mine.

Osisko comptait effectuer un sautage de 37 secondes à la mi-septembre, mais le ministère a rappelé à la société qu'elle n'avait pas l'autorisation d'effectuer de sautage de plus de six secondes - même si la société pense le contraire. Avant d'autoriser le sautage, le MDDEFP a demandé davantage de renseignements sur la sécurité des personnes, la possible formation d'un nuage de gaz toxique ou la projection de roches à la suite de l'explosion. Dans l'attente de l'approbation du ministère, Osisko a mis à pied environ 150 employés de sous-traitants.

«Leurs documents [d'Osisko] sont arrivés très tardivement, explique Danielle Rioux, attachée de presse du ministre Breton, qui a contacté La Presse Affaires après la publication de notre dossier sur la situation à Malartic, hier. Ils ont beaucoup contribué au retard. Ils savaient très bien que le décret d'autorisation qu'ils avaient ne leur permettait pas ce sautage.»

«On a appris par les médias en septembre qu'il y aurait un sautage qui excédait ce qui était prévu dans le décret d'autorisation», déplore Mme Rioux. Elle soutient que la compagnie aurait pu procéder beaucoup plus rapidement si elle avait fourni toutes les informations nécessaires au ministère plus tôt cet été, alors qu'elle préparait le sautage. Or, tous les documents ne sont parvenus au ministère qu'entre le 5 et le 12 octobre, affirme-t-elle, après que le ministère eut forcé la minière à suspendre son sautage. «Quand on n'a pas les documents, on ne peut pas prendre les décisions de façon éclairée et rigoureuse», insiste Mme Rioux.

Le conseil des ministres a approuvé le sautage, sous conditions, le 18 octobre. Le gouvernement a demandé des assurances supplémentaires à Osisko, dont une contre-expertise sur la projection de roc et des détails sur le plan d'urgence en cas de problème.

Le cabinet de Daniel Breton assure que le ministère a fait au plus vite pour donner les autorisations finales pour que le sautage ait lieu avant la date de péremption des explosifs, le 28 octobre. Osisko a obtenu la réponse positive mercredi.

Une équipe d'experts du MDDEFP sera à Malartic lors du sautage, notamment pour mesurer les impacts du sautage sur la qualité de l'air, le bruit et les vibrations.

Le gouvernement autorise seulement le sautage en question. Tout autre sautage dépassant les six secondes devra être analysé par le ministère avant d'être autorisé.

D'autres sautages importants

Osisko veut faire sauter un bloc de roc de 940 000 tonnes aujourd'hui à Malartic, grâce à 25 000 kilogrammes d'explosifs. La durée totale du sautage sera de 37 secondes, en deux temps. D'autres sautages ont déjà dépassé le million de tonnes dans l'histoire minière du Québec.

> 1974: sautage de piliers à la mine souterraine de Matagami Lake

> 1974: sautage de plusieurs millions de tonnes de la calotte du Mont Wright (Fermont), qui marquait le début de la mine à ciel ouvert.

> Début des années 80: agrandissement de la mine à ciel ouvert de Lac d'Amiante, de Thetford MInes

> Entre 2008 et 2010: trois sautages de plus d'un million de tonnes à la mine souterraine Goldex, dont un sautage de 1,8 million de tonnes et d'une durée de 22,5 secondes en mars 2010.

Source: Ministère des Ressources naturelles du Québec