L'industrie minière veut créer une table de concertation permanente pour rassembler plusieurs parties prenantes du développement minier, incluant des groupes de pression, les municipalités et les syndicats.

Cette proposition fait suite à la Conversation publique sur l'avenir minier du Québec, une tournée de séances de discussion organisée par l'Institut du Nouveau Monde (INM) le printemps dernier, et dont le bilan final a été publié hier (consultez le document).

Les deux associations minières de la province ont lancé hier leur idée dont les modalités et la liste des invités restent à définir.

«L'objectif, c'est d'avoir un dialogue avec les parties prenantes, que ce soient les groupes de pression, les municipalités, les syndicats, les financiers, a expliqué à La Presse Affaires le directeur environnement de l'Association minière du Québec, Jean-Claude Belles-Isles. On veut essayer d'avoir ça le plus large possible.» M. Belles-Isles assure que la table serait indépendante.

Le directeur général de l'INM, Michel Venne, a salué l'initiative. «Il est important que le dialogue se poursuive. Je suis content de voir que les deux associations minières prennent acte du contenu de la démarche et constatent qu'elles ont du travail à faire pour rallier la population à leurs projets.»

La Coalition pour que le Québec ait meilleure mine n'est pas contre l'idée, mais son porte-parole Ugo Lapointe estime plutôt que le temps est à l'action. Selon lui, l'industrie devrait appuyer les modifications urgentes à la Loi sur les mines. «Nous sommes déçus de la réaction de l'industrie (à la démarche de l'INM). Tout ce qu'ils ont à dire, c'est «on va s'asseoir et on va jaser»». À tout prendre, la Coalition préférerait une table de concertation mise sur pied par le gouvernement, et non par l'industrie.

De son côté, le monde municipal réagit positivement à l'invitation de l'industrie. «Mais ça ne veut pas dire qu'il faut remettre aux calendes grecques le projet de loi 14», lance le président du conseil de l'Union des municipalités du Québec et maire de Rimouski, Éric Forest. La dernière version de la réforme minière, morte au feuilleton avant les élections, accordait aux municipalités un plus grand pouvoir sur le développement minier.

Suzann Méthot, de l'Initiative boréale canadienne, soutient que la proposition de l'industrie est excellente, même si «ça ne dégage pas le gouvernement d'établir lui-même une communication directe avec les populations pour discuter de l'avenir minier du Québec».

Le Syndicat des Métallos montre également de l'ouverture. «Ce n'est pas une mauvaise chose, et on n'a jamais pratiqué la politique de la chaise vide, dit le directeur pour le Québec, Daniel Roy. Si on peut y être, on va y être, pour partager notre point de vue sur les redevances, toute la question de la transformation au Québec et les prises de participation dans l'industrie minière.»

Clarifier l'acceptabilité sociale

Le bilan de la démarche de l'INM, à laquelle ont pris part environ 500 citoyens de toutes les régions du Québec, appelle justement à une plus grande transparence de l'industrie minière. C'est là une des bases d'une «nouvelle vision partagée du développement minier», de pair avec la consultation, la maximisation des retombées, et le respect des communautés, des territoires et de l'environnement.

À partir de là, il importe de réfléchir sur des mécanismes pour clarifier et mesurer le concept d'acceptabilité sociale, estime Michel Venne. Il a d'ailleurs envoyé une lettre à la nouvelle ministre des Ressources naturelles pour lui suggérer de créer une démarche de réflexion à ce sujet.

Parmi les autres idées citoyennes qui ont fait leur chemin dans le bilan de la démarche de l'INM, mentionnons la création d'un fonds souverain pour les bénéfices tirés des mines, des redevances directes pour les communautés et les régions, la remise en question de l'urgence d'exploiter les richesses du sous-sol et une meilleure application des réglementations environnementales.