Les cours du pétrole ont chuté peu avant la clôture lundi à New York, dans un marché spéculant sur un recours du gouvernement américain à ses réserves stratégiques de brut pour faire baisser les prix de l'essence en période électorale.

Le baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en octobre a clôturé en baisse de 2,38$ à 96,62$ sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), après avoir plongé peu avant la clôture de 4,35$.

Les cours du brut qui avaient évolué tout au long de la séance en légère baisse, digérant l'annonce de mesures inédites de la Réserve fédérale américaine (Fed) pour stimuler la relance économique américaine, ont subitement piqué du nez environ 20 minutes avant la clôture du marché new-yorkais.

Face à un tel décrochage, les analystes restaient sans voix.

«C'est un mouvement très étrange. Je ne comprends pas pourquoi un tel mouvement de vente, si rapide, vient de se produire», a noté Andy Lipow, de Lipow Oil Associates.

«La seule raison qui pourrait l'expliquer, c'est un recours aux réserves stratégiques même si je n'ai rien entendu qui allait dans ce sens», a-t-il ajouté, se référant à une recrudescence des spéculations au sujet d'une utilisation des réserves pétrolières stratégiques des États-Unis à moins de deux mois de l'élection présidentielle américaine.

«Sur le parquet, le bruit court que chaque fois que le brut est sur le point de terminer au-delà de 100 dollars (le baril), ce qui n'a pas été le cas (lundi), cela augmente les chances d'une utilisation des réserves de brut stratégiques avant une élection» présidentielle, a commenté Rich Ilczyszyn, de iiTrader, qui dit avoir pensé un instant à «une erreur technique» de courtage.

L'utilisation de réserves de brut augmenterait encore l'offre déjà abondante d'or noir sur le marché américain et exercerait de fait une nette pression baissière sur les prix, les stocks de brut ayant atteint un plus haut en 22 ans début juillet.

«Nous n'avons eu aucune information à ce sujet, ce ne sont que des spéculations», a-t-il toutefois souligné, mais «aucun courtier ne veut se risquer à acheter (...) alors que selon ce que l'on entend, le gouvernement pourrait relâcher (...) près de 120 millions de barils», a-t-il poursuivi.

En outre, la publication lundi d'une contraction plus violente qu'attendu en septembre de l'activité manufacturière de la région de New York n'était pas de nature à rassurer le marché sur la vigueur économique du pays, premier consommateur de brut de la planète.

Les réserves stratégiques ont été mises en place en 1975 après l'embargo sur les livraisons de pétrole instauré par les pays arabes de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), suivi du premier choc pétrolier.