Hier matin, dans tout le Québec, l'essence ne se vendait nulle part plus cher qu'à Montréal, Laval et la Rive-Sud, avec des prix dépassant les 1,50$. Depuis 2010, à l'exception du Nord-du-Québec, c'est à Montréal et Laval qu'il faut payer le plus pour son litre d'essence.

Et encore, depuis le début des années 2000, jamais les Montréalais n'ont payé moins cher, en moyenne annuelle, que leurs voisins des Laurentides, Lanaudière, et de Montérégie, ou que leurs compatriotes d'Abitibi-Témiscamingue et du Saguenay-Lac-Saint-Jean, selon les données de la Régie de l'énergie.

Ce sont les taxes qui sont les grandes responsables de cette disparité, même si elles n'expliquent pas que Montréal ait été touché avant les autres par la flambée des prix de mardi après-midi.

Toutes les stations d'essence de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), ce qui inclut Laval, la couronne nord et la Rive-Sud, doivent inclure dans leur prix de détail une taxe de 3 cents le litre pour financer les transports collectifs. Non seulement les autres régions de la province ne sont pas visées par cette taxe, mais plusieurs profitent d'un rabais sur la taxe provinciale sur le carburant, généralement de 18,2 cents le litre. C'est le cas des régions éloignées comme l'Abitibi-Témiscamingue, le Saguenay-Lac-Saint-Jean ou la Gaspésie, qui bénéficient d'un rabais de 4,65 cents le litre.

Les zones frontalières comme Lacolle, en Montérégie, comptent sur une exemption de six cents le litre pour que les détaillants demeurent compétitifs par rapport aux stations-service américaines.

Ainsi, la moyenne des prix des régions comme la Montérégie, Laurentides ou Lanaudière est abaissée parce que certains secteurs ne font pas partie de la CMM ou profitent de rabais frontaliers. L'Outaouais profite également d'un rabais en raison de la proximité avec l'Ontario.

D'autres raisons locales peuvent aussi expliquer la différence entre Montréal et certaines régions, comme des guerres de prix ponctuelles ou la présence d'acteurs comme Costco, avec sa stratégie de vente d'essence à très bas prix.

Les marges de détail (la somme que conserve le détaillant pour payer les coûts d'exploitation et dégager un profit) de la dernière année sont légèrement plus élevées à Montréal (6 cents le litre) que dans les Laurentides (3,7 cents) ou la Montérégie (5 cents), selon une compilation du CAA Québec. Elles sont toutefois moins élevées qu'à Québec (6,5 cents), où les prix sont plus bas que dans la métropole depuis quatre ans.

Hausse: Montréal en premier

Quant à la hausse survenue mardi à Montréal, en lien avec l'augmentation du prix d'acquisition de l'essence pour les détaillants, «ce n'est qu'une question de temps avant que Québec et les autres régions voient la même chose», a indiqué hier midi le vice-président (Est) de l'Institut canadien des produits pétroliers, Carol Montreuil.

Selon lui, il est logique que les hausses de prix démarrent à Montréal. «Si un détaillant souhaite instaurer une augmentation de prix, il a davantage de chances que ça fonctionne s'il débute dans un grand marché», explique-t-il.

Selon les estimations de la Régie de l'énergie, les détaillants de Saint-Jérôme qui vendaient le litre à 1,35$ en moyenne hier matin le faisaient à perte (-8,2 cents). Même chose à Saint-Jean-sur-Richelieu (perte de 7,4 cents sur un prix de vente de 1,398$).