Hydro-Québec peut sûrement se serrer la ceinture et générer plus de profits, mais l'entreprise ne peut pas à elle seule régler tous les problèmes financiers du Québec.

Des économies, il y en a à faire au sein de la plus importante société d'État du Québec. Luc Boulanger, le directeur général de l'association qui regroupe les grands consommateurs industriels d'électricité, est bien placé pour le savoir.

«Chaque année, on en trouve», dit-il. Devant la Régie de l'énergie qui examine annuellement les demandes de hausse des tarifs d'électricité, l'Association québécoise des consommateurs industriels d'électricité pointe des dépenses qui pourraient être réduites chez Hydro-Québec Distribution, et la Régie lui donne souvent raison.

Hydro-Québec Distribution est la seule, avec la division Transport (l'autre étant Production), à être soumise à l'examen de la Régie de l'énergie. Quand Hydro-Québec Distribution compare sa performance à celles des autres entreprises de son secteur en Amérique du Nord, comme la Régie lui demande de le faire, elle traîne systématiquement de l'arrière (voir tableau).

De là à croire qu'il serait possible d'amputer son effectif de 20% (4000 postes) et générer des économies de 600 millions, comme l'affirme Coalition avenir Québec de François Legault, il y a un pas que Luc Boulanger ne franchit pas. «Présumer qu'on peut couper 600 millions sur des dépenses de 10 milliards, c'est énorme», estime-t-il.

Claude Montmarquette est du même avis. «Il me semble qu'Hydro-Québec est une société bien gérée», dit le président-directeur général du Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO).

Cela dit, le chercheur convient qu'il y a des économies à faire chez Hydro-Québec.

«Quand le gouvernement demande à Hydro une réduction de dépenses [comme il l'a fait avec la loi sur le retour à l'équilibre budgétaire], il l'obtient», dit-il. C'est la preuve qu'il est possible de faire quelque chose du côté de la réduction des coûts de fonctionnement de cette grosse machine qu'est Hydro-Québec.

Toutefois, c'est en augmentant ses tarifs qu'Hydro peut contribuer le mieux à l'assainissement des finances publiques, estime Claude Montmarquette.

C'est ce qu'a choisi de faire le gouvernement libéral de Jean Charest, qui a annoncé une augmentation d'un cent le kilowattheure du tarif patrimonial gelé à 2,79 cents le kilowattheure depuis 2000 entre 2014 et 2018. Cette mesure, qui se traduirait par une augmentation de 3,7% par année pour les clients résidentiels d'Hydro-Québec, est dénoncée par le Parti québécois de Pauline Marois qui promet de l'éliminer s'il prend le pouvoir.

Ce serait une erreur, croit le chercheur de CIRANO. «On a des finances publiques à mettre en ordre, et il n'y a pas beaucoup d'autres moyens d'y arriver sans nuire à l'économie», explique-t-il.

Selon lui, la hausse des tarifs d'électricité n'est pas une taxe déguisée ni une augmentation d'impôt. La hausse est liée à la consommation et ceux qui en consomment plus paieraient davantage.

«Actuellement, on surconsomme l'électricité parce que son prix est inférieur au coût marginal. C'est comme vendre son appartement au prix qu'il nous a coûté plutôt qu'au prix du marché.»

L'augmentation des tarifs d'électricité est donc «la mesure la plus raisonnable», aux yeux de Claude Montmarquette.

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UNE IMPORTANTE SOURCE DE FONDS POUR LE QUÉBEC

Dépenses annuelles d'exploitation: * 2,5 milliards

Employés:  22 500

Bénéfice net:  2,6 milliards

Dividende versé au gouvernement:  2 milliards

Taxes payées au gouvernement:  866 millions

* Chiffres de l'exercice 2011

Source: Hydro-Québec