Les entreprises d'uranium font face à un nouvel obstacle. La nation crie s'oppose à l'exploration, l'exploitation et l'emplacement de déchets d'uranium dans Eeyou Istchee, le territoire cri de la Baie-James. L'Assemblée générale de la nation crie a adopté à l'unanimité un moratoire permanent, mercredi à Waskaganish.

Matthew Coon Come, grand chef du Conseil Cris, affirme que sa communauté ne s'oppose pas à toutes les formes d'exploration minière, mais bien à celles qui entourent l'uranium à cause de ses risques de toxicité et de radiation.

Bâton dans les roues

«La nation crie est déterminée à protéger nos économies et mode de vie contre la menace exceptionnelle et grave que posent l'exploitation minière de l'uranium et les déchets d'uranium, aujourd'hui et dans les millénaires à venir», a-t-il indiqué dans un communiqué de presse.

Le moratoire permanent n'a peut-être pas de valeur légale, mais il vient mettre de sérieux bâtons dans les roues des entreprises, croit Sébastien Grammond, doyen et professeur titulaire de la section de droit civil de l'Université d'Ottawa.

«Est-ce qu'ils peuvent décréter un moratoire? Non, parce que ce ne sont pas eux qui sont les propriétaires des ressources naturelles. C'est une compétence provinciale. Sauf que, lorsqu'on regarde la convention de la Baie-James [et du Nord québécois] et les pratiques en matière de consultations, on se rend compte que ça devient très difficile de mener de l'avant un projet lorsque les autochtones s'y opposent», explique-t-il.

Avec le décret d'un moratoire permanent, la nation crie tente notamment de bloquer Strateco. L'entreprise derrière le plus important projet minier d'uranium voudrait compléter l'exploration d'un gisement en construisant une rampe souterraine.

Le gouvernement fédéral a déjà donné son appui au projet. Il ne reste qu'au sous-ministre à l'environnement du Québec et à la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) à donner leur accord. Cette dernière a tenu des audiences au début du mois de juin devant lesquelles la nation crie de Mistissini avait montré son opposition à Strateco. La CCSN prononcera une décision dans les prochains jours.

«Il y a en ce moment un gouvernement qui est assez favorable à l'exploration minière, alors comment tout ça va se jouer? Il faudra voir, dit M. Grammond. Est-ce que le gouvernement pourrait quand même donner son aval? Tout est possible. Ultimement, c'est lui qui prend les décisions, mais si tous les comités chargés de faire des recommandations font des avis négatifs, ça devient difficile pour le gouvernement de dire on y va quand même.»