Un tribunal équatorien a sommé la compagnie pétrolière américaine Chevron de payer d'ici lundi 19 milliards de dollars de dommages pour dégâts à l'environnement en Amazonie, a-t-on appris samedi de source judiciaire.

Une cour de la province amazonienne de Sucumbios (nord-est) a décidé vendredi que Chevron devait payer cette somme «dans un délai de 24 heures» ou «dans le même délai, mettre à disposition (de la justice équatorienne) des biens non hypothéqués d'une valeur équivalente à ce montant».

Juan Pablo Saenz, l'un des avocats des plaignants, a déclaré à l'AFP que la sommation venait à échéance lundi, car samedi et dimanche sont fériés en Équateur. La compagnie américaine devra alors «payer ou désigner les biens qu'elle cédera», a-t-il ajouté.

L'avocat a expliqué que si Chevron ne se pliait pas à la décision de justice, les plaignants procèderont aux démarches nécessaires pour faire séquestrer des biens.

C'est au tribunal de Sucumbios qu'a été intenté en premier lieu le procès pour dommages à l'environnement causés entre 1964 et 1990 en Amazonie équatorienne par Texaco, compagnie américaine acquise par Chevron en 2001.

En janvier 2012, la justice équatorienne a confirmé en appel une première condamnation de Chevron à 9,5 milliards de dollars. Cette somme a presque doublé depuis, car la compagnie a refusé de présenter des excuses publiques pour les dommages causés à l'environnement, comme l'exigeait le verdict.

Chevron a fait appel du jugement devant la Cour suprême de justice à Quito, qui ne s'est pas encore prononcée.

Il y a une semaine, Chevron avait estimé que la sentence serait «inexécutable devant n'importe quel tribunal respectueux des lois», les plaignants ayant déjà intenté des procès similaires au Canada et au Brésil et annoncé qu'ils entreprendraient des actions en justice ailleurs pour être sûrs d'être payés.

En juillet, le porte-parole de la compagnie pour l'Amérique latine, James Craig, a affirmé que Texaco avait «déjà réglé cette affaire» à l'époque de son activité en Équateur, qu'«un arrangement avait été trouvé, qui avait été approuvé, à tous les niveaux du gouvernement équatorien» et que la compagnie avait été «déchargée de toute responsabilité future concernant l'environnement dans la zone de son ancienne concession» d'exploitation pétrolière.

«Chevron, qui n'a jamais travaillé en Équateur, ne peut pas être tenue pour responsable des problèmes de la région et n'a nullement l'intention de signer un chèque à des avocats qui se sont rendus coupables de fraudes, de subornation et de corruption du processus judiciaire», a dit M. Craig.