Les cours du pétrole ont terminé en forte baisse à New York jeudi, plombés par le scepticisme suscité par le sommet européen qui se tient à Bruxelles.

Le baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en août a cédé 2,52$ par rapport à mercredi, à 77,69$ sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

«Tout était orienté à la hausse ce matin et tout s'est renversé», a déploré Matt Smith, de Summit Energy (groupe Schneider Electric).

Ce revirement s'explique par le peu d'enthousiasme généré par le sommet européen de Bruxelles, ouvert jeudi pour deux jours, et censé trouver des solutions à la crise de la dette.

Le marché estime qu'«il y a le potentiel pour que rien ne soit résolu», a-t-il noté.

En particulier, les opérateurs veulent savoir «si l'Allemagne va accepter la mutualisation de la dette» des pays de la zone euro, a indiqué Andy Lipow, de Lipow Oil Associates.

Cette mutualisation des dettes, catégoriquement rejetée par Berlin, est en revanche préconisée par la France, l'Italie et la Commission européenne.

Les dirigeants des 27 pays de l'UE doivent discuter notamment des réformes à apporter au système bancaire et des règles budgétaires, alors que la pression s'accroît sur l'Espagne ou l'Italie, qui voient s'envoler leurs taux obligataires à des niveaux ingérables sur la durée.

«On voit un recul lourd (...), il sera intéressant de suivre ça demain: va-t-on passer sous le seuil des 75 dollars?», a lancé Matt Smith.

Dans ce contexte, la situation avec l'Iran «ne pesait aucunement», a-t-il remarqué.

Téhéran a menacé jeudi la Corée du Sud de cesser d'importer des produits sud-coréens si Séoul arrêtait d'acheter du pétrole iranien dans la foulée de l'embargo pétrolier total décidé par l'Union européenne à partir du 1er juillet.

Troisième acheteur de pétrole iranien avec quelque 220b 000 barils par jour (b/j) en 2011, la Corée du Sud a annoncé en juin avoir réduit ses importations de près de 15% depuis le début de l'année, sous la pression des Etats-Unis.

Ceci intervient alors que doit rentrer en vigueur ce week-end des sanctions européennes contre l'Iran, a ajouté Andy Lipow.

Décrété le 23 janvier, l'embargo pétrolier doit entrer en vigueur à compter de dimanche pour les contrats signés avant cette date. Il est destiné, en liaison avec les mesures américaines similaires, à faire pression sur l'Iran pour qu'il mette un terme à son programme nucléaire controversé.

Une dizaine de pays de l'UE, essentiellement l'Italie, l'Espagne et la Grèce, achetaient jusqu'ici près de 20% des exportations de pétrole iranien, alors que le pays tire 80% de ses revenus en devises du pétrole.