Le plus grand marché mondial des métaux, le London Metal Exchange (LME), va être repris par la Bourse de Hong Kong, consacrant le basculement de la consommation des matières premières vers l'Asie, et en particulier vers la Chine.

La place de Hong Kong (HKEx) a mis sur la table 2,15 milliards de dollars US (1,7 milliard d'euros) pour prendre le contrôle du LME.

Ce montant est largement supérieur aux sommes mentionnées jusqu'ici dans la presse, qui évoquait un prix de l'ordre de 1,2 milliard d'euros.

Selon la presse, le choix du repreneur s'est effectué entre HKEx et l'opérateur américain InterContinentalExchange (ICE). D'autres intervenants boursiers s'étaient montrés intéressés, comme l'opérateur transatlantique NYSE Euronext et le numéro un mondial des produits dérivés, le CME de Chicago, mais ils avaient été éliminés plus tôt dans le processus de sélection.

Le LME contrôle 80% des échanges de métaux dans le monde.

«HKEx a identifié une demande particulière pour les transactions de matières premières, autour des métaux, pour soutenir la consommation importante et croissante de métaux en Asie, notamment en Chine», a expliqué le groupe boursier asiatique, pour expliquer le montant de son offre.

La Chine, premier pays consommateur de métaux, représente plus de 40% de la demande mondiale de cuivre et d'aluminium. Selon Bank of China, plus de la moitié du volume de métal échangé sur le LME est absorbé par des acheteurs chinois.

HKEx va ainsi pouvoir «développer son offre en matière de (transactions de) matières premières et diversifier ses sources de revenus», s'est-il félicité, dans un communiqué.

«L'acquision de LME Holdings représente une occasion unique pour nous de devenir d'un seul coup l'un des principaux acteurs du marché des matières premières», a déclaré son directeur général Charles Li.

«Cela correspond à notre stratégie de nous étendre au-delà des actions et des dérivés d'actions», a-t-il ajouté, estimant que HKEx «a la capacité d'aider les activités du LME à grossir en Asie, notamment en Chine».

Pour Martin Abbott, directeur général du LME, un marché créé il y a 135 ans, l'opération «garantit l'avenir du LME pour les 135 prochaines années».

«Les indices mondiaux du LME ainsi que la position éminente de HKEx en Asie, sa technique, ses ressources pour les transactions et son expertise en matière de compensation va cimenter la position de place d'échanges numéro un pour les métaux de base», a-t-il ajouté.

Selon le projet de HKEx, la marque sera conservée ainsi que l'enceinte du marché, une des dernières à exister dans le monde.

Le conseil d'administration entend recommander «de manière unanime» l'offre de HKEx.

Le LME est contrôlé par 70 de ses 94 membres, autrement dit ses utilisateurs privilégiés - parmi lesquels la banque américaine Goldman Sachs ou le courtier en métaux Metdist -, à qui il revient de décider in fine de vendre leurs parts ou non à un éventuel acquéreur.

L'opération doit être entérinée par 75% des droits de vote et au moins la moitié des membres du marché londonien pour être validée.

Il lui faut aussi recevoir le feu vert des autorités financières de Grande-Bretagne.