Les cours du pétrole ont fini en baisse mardi à New York dans un marché lassé par l'incertitude en Grèce, où de nouvelles élections vont être organisées face à l'impossibilité de former un gouvernement, ce qui a plombé les cours de l'euro et fait flamber le dollar.

Le baril de référence pour livraison en juin a cédé 80 cents par rapport à lundi à 93,98$ sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour même échéance a terminé à 112,24$, en hausse de 67 cents par rapport à la clôture de lundi.

Après avoir brièvement ouvert en hausse, les cours de l'or noir sont passés en territoire négatif à l'annonce de l'échec des négociations en Grèce sur la constitution d'un gouvernement de technocrates.

La Grèce «retourne hélas aux élections», a annoncé le dirigeant socialiste Evangélos Vénizélos à l'issue d'une réunion cruciale avec quatre autres chefs de partis.

«Les problèmes (politiques à Athènes) donnent le tournis au marché», a lancé Tom Bentz, de BNP Paribas.

Impact direct de ce nouvel épisode dans le dossier de la crise européenne de la dette, l'euro «a une fois encore enregistré une énorme baisse», a-t-il souligné.

De fait, les investisseurs, se détournant des placements jugés risqués, comme les matières premières, ont privilégié les valeurs refuges, comme la devise américaine.

Or, un billet vert fort rend moins attractifs les achats de matières premières libellées en dollar, comme l'or noir, pour les investisseurs munis d'autres devises.

Le marché pétrolier a toutefois cherché à rester positif: «Au moins la zone euro n'a pas de récession à deux chiffres», a remarqué Rich Ilczyszyn, analyste d'iiTrader.com.

L'Union monétaire est même parvenue à éviter la récession. Selon une première estimation, la zone euro a enregistré une croissance nulle (0,0%) au cours des trois premiers mois de l'année, après une baisse de son PIB de 0,3% au trimestre précédent.

Ceci notamment grâce à l'Allemagne qui a une nouvelle fois rappelé son statut de première économie européenne en annonçant un rebond de 0,5% de son produit intérieur brut (PIB) au premier trimestre. Les économistes s'attendaient à une hausse de seulement 0,1%.

Toutefois, pour Phil Flynn, de PFG Best, «le marché pétrolier n'est toujours pas convaincu que la reprise économique soudaine en Allemagne puisse être viable quand la Grèce et la France semblent vouloir se diriger vers une auto-destruction économique».

Par ailleurs, «l'inflation a été contenue» aux Etats-Unis et les chiffres sur l'activité industrielle de la région de New York «ont été un soulagement», a commenté Matt Smith, de Summit Energy (groupe Schneider Electric).

L'indice Empire State pour le mois de mai a fait état d'une accélération surprise de 10,5 points, pour s'établir à 17,1, tandis que les prix à la consommation ont été stables aux Etats-Unis en avril, et l'inflation est descendue à son niveau le plus bas depuis février 2011.

Reste que de manière générale, les opérateurs pétroliers faisaient preuve d'une extrême prudence, réduisant au maximum les prises de risque.

«On a des problèmes en France et en Allemagne, l'économie est mondiale et on a eu le fiasco de JPMorgan, qui a rappelé (qu'une telle perte de courtage) peut arriver à n'importe quelle banque: les investisseurs sont inquiets et ont retiré la prime aux risques des cours», a fait valoir M. Ilczyszyn.

Si les tensions géopolitiques se sont retrouvés au second plan ces derniers temps, après avoir dopé les cours, la situation pourrait rapidement changer, a averti M. Bentz.

En effet, avec la reprise des discussions sur le programme nucléaire iranien, entre les Six (Allemagne, Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie) et Téhéran, le 23 mai à Bagdad, il ne serait pas étonnant «que les prix repartent en flèche», si un nouveau blocage se présentait.