Les professionnels de Candu Énergie accusent le nouveau propriétaire de l'entreprise, SNC-Lavalin, de mettre en péril l'industrie nucléaire canadienne.

Le syndicat qui représente près de 900 ingénieurs, scientifiques, technologues et gens de métier de Candu, la Society of Professional Engineers and Associates (SPEA), a soutenu vendredi dans un communiqué que SNC tentait de soutirer aux employés «une série de concessions inacceptables», sans donner plus de détails.

On sait toutefois que les principales questions en litige sont les salaires, les avantages sociaux, le régime de retraite et les indemnités de voyage.

Lors d'un vote tenu jeudi, les syndiqués se sont prononcés à 94 pour cent en faveur d'un mandat de grève qui pourra être exercé dès lundi. Pas moins de 95 pour cent des membres ont pris part au scrutin.

Le président du syndicat, Peter White, a déclaré vendredi que le vote constituait «une condamnation cinglante du style de gestion cavalier de SNC-Lavalin et de sa stratégie du bord de l'abîme à la table des négociations».

Selon lui, la volonté de la multinationale québécoise de «maximiser les profits à court terme aux dépens des employés» menace l'avenir de l'industrie nucléaire canadienne, concentrée en Ontario.

Le syndicat affirme que Candu Énergie souffre d'un exode de personnel expérimenté depuis que le gouvernement fédéral a vendu cette ancienne filiale d'Énergie atomique du Canada à SNC-Lavalin, l'an dernier. D'après M. White, la façon de faire de SNC pourrait aggraver la situation à cet égard.

Il a été impossible de joindre un porte-parole de Candu vendredi après-midi.

Les Travailleurs canadiens de l'automobile et le Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier se sont engagés à soutenir financièrement la SPEA dans son combat.

SNC-Lavalin a payé à peine 15 millions $ pour mettre la main sur Candu. Ottawa aura toutefois droit à des redevances sur les futurs projets de construction et de réfection de centrales.

Le géant de l'ingénierie s'est fixé comme objectif de doubler les revenus de Candu au cours des cinq prochaines années, et ce, en excluant les nouveaux contrats au Canada. Parmi ceux-ci, on pourrait compter une nouvelle centrale en Ontario et la réfection de Gentilly-2, au Québec.

Pour SNC-Lavalin, la sortie du syndicat est une tuile de plus. Depuis février, l'entreprise est secouée par la révélation que deux de ses anciens hauts dirigeants, Pierre Duhaime et Riadh Ben Aïssa, ont autorisé le versement de commissions irrégulières de 56 millions $ US.

M. Ben Aïssa est actuellement détenu en Suisse en vertu d'accusations de fraude alors que M. Duhaime a été remercié tout en récoltant une prime de départ de 5 millions $.

L'action de SNC-Lavalin a perdu 1,6 pour cent vendredi pour clôturer à 36,73 $, à la Bourse de Toronto.