La perspective d'une production de pétrole au Québec n'enchante guère les groupes environnementaux, qui lancent un «appel au calme» face à ce «fantasme pétrolier». «Il s'agit de pétrole non traditionnel sous une forme qui n'est à peu près pas exploitée dans le monde», dit Christian Simard, directeur général de Nature Québec, un organisme à but non lucratif qui travaille à la protection de l'environnement.

Pour les groupes environnementaux qui veulent réduire la dépendance au pétrole, en produire en Gaspésie, à l'île d'Anticosti ou à partir des gisements sous-marins d'Old Harry ne réglerait pas le problème du Québec. «Le nerf de la guerre, c'est la dépendance au pétrole, dit Steven Guilbeault, cofondateur d'Equiterre. Notre société, comme tant d'autres, est accro au pétrole. D'un point de vue économique, ça peut être intéressant pour le Québec de produire son pétrole, mais ce n'est pas la voie à suivre à long terme pour diminuer notre consommation. Ça nous enfoncerait seulement un peu plus loin dans cette logique.»

«Ces énergies fossiles là, c'est du passé, dit Philippe Bourke, directeur général du Regroupement national des conseils régionaux de l'environnement du Québec (RNCREQ). D'en produire, ça va retarder notre stratégie de conversion vers des énergies renouvelables. Se mettre à produire du pétrole au Québec, c'est trouver une bouteille de gin pour un alcoolique: il se dit qu'il va commencer à être sobre seulement le lendemain...»

Même en mettant de côté leurs objections idéologiques, les groupes environnementaux ont plusieurs craintes. «On n'a presque rien comme encadrement législatif, seulement quelques chapitres de la Loi sur les mines. La seule exigence significative pour les entreprises, c'est de signer un bail avec le gouvernement», dit Christian Simard, de Nature Québec. «Tirera-t-on un juste bénéfice de ces projets? On est condamné à ce que ça soit extrêmement payant pour le Québec, en tenant compte de tous les coûts associés un boom pétrolier, dont la pollution et les coûts sociaux», dit Philippe Bourke, du RNCREQ.