Entre les grenades assourdissantes, les gaz lacrymogènes et les manifestants en colère, le premier Salon Plan Nord de Montréal a été une expérience réjouissante ou frustrante, selon qu'on était exposant ou à la recherche d'un emploi.

Une foule de ceux attirés par les 500 emplois offerts n'a même pas pu mettre les pieds au salon. À cause des manifestations, la police a bouclé le Palais des congrès vendredi après-midi et également le lendemain, samedi, vers midi.

Rio Tinto débordée

Pendant les quelques heures où l'accès était libre, samedi matin, le stand de Rio Tinto Alcan a été débordé de visiteurs. «C'était incroyable. Nos gens sur place n'ont même pas eu le temps de prendre une pause», a fait savoir le porte-parole de l'entreprise, Brian Tucker.

Même son de cloche du côté d'ArcelorMittal, qui s'attendait à recevoir 500 intéressés en deux jours. L'entreprise en a reçu 460, mais en deux heures, selon son porte-parole Éric Tétrault.

Venus avec leur CV pour l'ouverture du salon, prévue vendredi à 14 h, plusieurs intéressés ont dû rebrousser chemin puisque l'accès aux lieux était interdit. Le lendemain, deux heures après l'ouverture, le scénario s'est répété, et encore plus de personnes ont été refoulées aux portes du Palais des congrès.

Il y a eu beaucoup de frustration, selon Michel Leblanc, président de la chambre de commerce du Montréal métropolitain qui a organisé l'événement. «Nos lignes téléphoniques ne dérougissaient pas», relate-t-il.

Pour apaiser la grogne, la chambre a mis sur son site internet un lien vers les emplois offerts au Salon Plan Nord, afin que ceux qui n'ont pas pu entrer puissent envoyer leur CV aux entreprises qui les intéressent. «C'est dommage surtout pour ceux qui sont venus de loin», déplore Michel Leblanc.

Pour les exposants, par contre, l'expérience s'est révélée plus intéressante que prévu. Vendredi midi, quand le grabuge a commencé à l'extérieur, tous les patrons, hauts dirigeants et ministres qui s'étaient déplacés pour entendre le premier ministre Jean Charest n'ont pas pu sortir une fois le repas terminé. Au total, 1200 personnes assistaient à l'événement et la plupart en ont profité pour visiter le salon. Pour le plus grand plaisir des exposants, dont beaucoup de PME à la recherche de nouvelles occasions d'affaires.

«Les ministres Clément Gignac et Sam Hamad ont passé beaucoup de temps à échanger avec les participants, ce qui était inespéré pour plusieurs exposants», raconte Michel Leblanc.

D'autres salons, plus tard

Le salon devait être le premier d'une série d'événements de la chambre de commerce du Montréal métropolitain pour mettre les entreprises de Montréal en contact avec les occasions d'affaires du Plan Nord. Malgré la tournure des événements, Michel Leblanc pense qu'il y en aura d'autres, mais pas à court terme. «Si vous me dites dans un an, je gagerais là-dessus», a-t-il dit.

Le Salon Plan Nord faisait miroiter 500 emplois offerts dans tous les secteurs d'activité. En réalité, il y en avait beaucoup plus, selon le porte-parole d'ArcelorMittal. Le groupe Rio Tinto en avait à lui seul 170.

«Il y a beaucoup d'endroits dans le monde où on rêverait d'avoir un salon comme celui-là, dit Michel Leblanc. En Espagne, en Grèce ou en France, par exemple.»