Après avoir ressuscité la Société québécoise d'exploration minière et la Société québécoise d'initiatives pétrolières, le gouvernement s'apprête à redonner vie à son ancien bras financier du secteur agroalimentaire, la SOQUIA.

Le ministre de l'Agriculture, Pierre Corbeil, a annoncé il y a quelques jours la création du Fonds de l'industrie bioalimentaire Québec (FIBEC), qui aura 40 millions de dollars à investir dans ce secteur qui compte 2000 entreprises et 70 000 employés.

Les détails de cette annonce ne seront connus que dans quelques semaines, mais on sait déjà que le nouveau fonds est destiné à devenir un guichet unique pour le secteur agroalimentaire, comme la Société québécoise d'initiatives agro-alimentaire l'a été en son temps.

Après avoir été incorporée à la Société générale de financement, SOQUIA a fermé boutique en 2007. Ses investissements ont été transférés à Investissement Québec, qui les gère depuis ce temps.

Il ne reste qu'un employé de l'ancienne équipe, et aucun nouvel investissement n'a été réalisé.

Pour combler le vide laissé par SOQUIA, le gouvernement a doté la Financière agricole d'un bras investisseur, Capital financière agricole, qui n'a toutefois pas été à la hauteur. Doté d'un fonds de 26 millions, Capital financière agricole en a perdu plus que la moitié dans des investissements malheureux, le plus récent étant dans Bleu Lavande, producteur de lavande de l'Estrie qui a déclaré forfait en novembre dernier.

Le nouveau fonds FIBEC remplacerait Capital financière agricole, selon les informations qu'il a été possible d'obtenir hier. Il serait financé en partie par le gouvernement et en partie par les fonds fiscalisés, comme le Fonds de solidarité FTQ, qui est déjà actionnaire de Capital financière agricole.

Son porte-parole a confirmé hier que le Fonds est à analyser ses interventions dans le secteur agroalimentaire.

FIBEC pourrait aussi être alimentée par le Centre de distribution de médicaments vétérinaires et le Centre d'insémination porcine du Québec, deux anciennes filiales de SOQUIA, qui sont rentables et dont les profits pourraient être réinvestis dans l'industrie.

Ce n'est qu'avec l'apport des profits de ces deux entreprises que le nouveau fonds pourra réussir, estime l'économiste de l'Union des producteurs agricoles, Charles Ross, qui rappelle que c'est ce qui avait été la recette du succès de SOQUIA.

Selon lui, avec seulement la mise de fonds de 40 millions de dollars annoncés par le ministre, le nouveau fonds n'ira nulle part.

«Il faut avoir des profits pour l'alimenter et continuer à réinvestir», explique Charles Ross.