Certains disent plus de 5000, d'autres environ 8000. Quoi qu'il en soit, c'est par milliers que la population a répondu à l'appel des travailleurs de l'usine Rio Tinto Alcan d'Alma, en lock-out depuis le 1er janvier.

Ils sont finalement venus de partout, de toutes les sphères de la société. Les travailleurs en lock-out vêtus d'orange, mais aussi les syndiqués de toutes allégeances, de tous les continents. Des étudiants, des familles, des militants de l'extrême gauche réclamant «la libération de cinq révolutionnaires cubains emprisonnés aux USA», etc.

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Un ennemi commun: le capitalisme sauvage incarné, dans ce cas-ci, par Rio Tinto et sa division Alcan.

Malgré la frénésie palpable, aucun débordement n'a été rapporté au cours de l'événement. À part une poignée d'étudiants ayant abusé des bonnes choses, à qui l'on a poliment demandé de quitter, tous se sont pliés aux consignes du syndicat. Notamment en ce qui a trait à la nécessaire discipline.

La masse humaine s'est frayé un chemin au coeur d'Alma, à travers un trajet défini, en chantant l'indignation.

Quelques instants avant que s'amorce la grande marche de solidarité, la foule massée sur le stationnement du centre commercial Galeries Lac-Saint-Jean avait eu droit à un spectacle digne des manifestations syndicales les plus épiques. «Une manif historique», a confié un militant au bord des larmes, entre deux discours.

En effet, les manifestants ont eu droit à la totale, de tout pour tous les goûts. Il y a d'abord eu l'arrivée triomphale du président syndical de l'aluminerie Alma, Marc Maltais, sur la musique de Rocky. Puis ce fut au tour de Jyrki Raina, secrétaire général de la Fédération internationale des organisations de travailleurs de la métallurgie (FIOM).

«Nous sommes ici pour convertir votre lutte locale en lutte mondiale. Jusqu'à la victoire; jusqu'à un règlement équitable. Vive Alma, Québec. Vive les Métallos», a-t-il lancé sous les acclamations.

Ont suivi les députés Alexandre Cloutier et Claude Patry, solidaires jusqu'au bout des ongles. Pour les travailleurs; contre la compagnie.

L'ensemble des députés péquistes de la région était d'ailleurs sur place, comme deux autres élus fédéraux du NPD.

Aucun représentant gouvernemental n'a été aperçu, Ottawa et Québec confondus. La CSN était elle aussi présente, par le biais de son président national, Louis Roy.

«Depuis 200 ans, la grande entreprise nous exploite. Elle a pris nos vies, elle a pris nos enfants, elle a pris notre santé et là, elle vient prendre nos emplois. (...) Aujourd'hui à Alma, demain sur la planète. Solidarité!», a plaidé le leader de la CSN.

Presque en transe, le visage écarlate et la voix stridente, le président des TCA a également soulevé les militants avec un discours enflammé, qui se résume essentiellement par ces quelques mots: «Rio Tinto, go to hell!»

L'événement a pris fin à Place Festivalma, dans une ambiance festive.