Les cours du pétrole ont fini en nette baisse jeudi à New York sous l'effet des commentaires de l'Agence internationale de l'énergie, qui n'a pas exclu de recourir aux réserves stratégiques de brut pour soulager les cours. Le baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en mai a terminé en repli de 2,63 dollars par rapport à la clôture de mercredi, à 102,78 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour même échéance a fini à 122,39 dollars, en baisse de 1,77 dollar par rapport à la veille.

Sans approuver le recours à ces stocks défendu par plusieurs États, l'Agence internationale de l'énergie, qui coordonne les réserves de pétrole stratégiques des grands pays occidentaux, s'est dite jeudi «prête à agir» pour garantir l'approvisionnement du marché.

«Le marché pétrolier s'est tendu ces derniers mois; les prix du pétrole brut sont à un niveau très élevé, et les prix de l'essence ont touché des niveaux records dans certains de nos pays membres. L'Agence internationale de l'énergie, comme beaucoup d'autres, s'inquiète de l'impact de ces prix élevés alors que la reprise économique reste fragile», a déclaré la directrice exécutive de l'Agence, Maria van der Hoeven.

«L'AIE surveille attentivement les développements sur le marché et maintient des contacts étroits avec ses pays membres, pour échanger les vues sur la situation du marché pétrolier», a-t-elle poursuivi, dans une brève déclaration publiée à l'issue d'une réunion trimestrielle de deux jours d'experts des pays membres de l'organisation.

A Washington, le porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney a affirmé de son côté que si «cette option est sur la table», «aucune décision n'a été prise et aucune mesure spécifique n'a été proposée».

Mais pour Barclays, le recours à ces réserves «est très probable dans les mois qui viennent».

«C'est révoltant!», a lancé Phil Flynn, analyste chez PFG Best.

«Le seul but de cette décision est électoral», a-t-il ajouté alors que la France et les États-Unis sont en campagne pour l'élection présidentielle.

Il a expliqué que la hausse des prix de l'or noir provenait avant tout «des perturbations au Moyen-Orient». «Le problème, ce n'est pas une pénurie, ce sont les problèmes d'approvisionnement», a-t-il lancé.

«Tout ce qui va passer, c'est que les Européens vont consommer davantage de pétrole et au final on se retrouvera dans la même situation que maintenant», a avancé M. Flynn.

En effet, nombreux sont les analystes à New York qui pointaient le dossier iranien comme véritable source de renchérissement.

«Si un accord devait être conclu (entre Téhéran et les Occidentaux), cela entraînerait des ventes et le retour du baril autour de 92 dollars», a notamment fait valoir Rich Ilczyszyn, analyste chez iitrader.com.

«L'Iran, (les craintes pour le ralentissement de, NDLR) l'économie et l'utilisation (ou non) des réserves stratégiques sont juste un aperçu des multiples risques qui pèsent aujourd'hui sur le marché pétrolier», a relevé de son côté JPMorgan.