Tout indique que le Québec fera bande à part dans sa politique sur le diamant. Le gouvernement n'obligera pas Stornoway Diamond à réserver une partie des pierres de la mine Renard pour la transformation locale. Or, c'est l'une des clés du succès des rares tailleries du pays.

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Dans un entretien avec La Presse Affaires, le ministre des Ressources naturelles et de la Faune, Clément Gignac, a réaffirmé son souhait qu'il y ait de la taille de diamants au Québec. «Mais nous n'avons pas l'intention d'y aller avec la coercition», a-t-il insisté.

L'Ontario et les Territoires du Nord-Ouest, où se trouvent les mines de diamant du Canada, comptent chacun une taillerie. Dans les deux cas, les gouvernements obligent les producteurs à réserver 10% de leurs pierres pour les tailleries locales. Les pierres doivent être de bonne qualité, ce qui permet aux tailleries d'être concurrentielles dans un marché largement dominé par l'Inde et ses bas coûts de main-d'oeuvre.

Hier, Le Devoir a rapporté que Stornoway Diamond, qui pourrait lancer la première mine de diamants du Québec en 2016, vendra l'ensemble de ses pierres sur le marché international.

Le vice-président aux affaires publiques, Ghislain Poirier, a confirmé à La Presse Affaires que le gouvernement n'avait pas imposé de quotas de pierres réservées pour le marché local, et qu'il n'y avait aucune discussion en cours à ce sujet.

«On ne joue pas dans ce film-là, a expliqué le ministre Gignac. On veut favoriser la transformation, pas l'imposer.» Il rappelle la mise en place de mesures d'encouragement fiscal pour la transformation minérale et l'action d'Investissement Québec pour attirer des transformateurs étrangers.

Projet de taillerie?

Dans sa Stratégie minérale, en 2009, le gouvernement disait vouloir «poursuivre l'objectif de valoriser 10% de la production de diamants bruts extraits de son territoire par la réalisation d'activités de taille, de polissage et de joaillerie».

Le Québec ne compte aucune taillerie. Quatre établissements sont nés et sont morts à Matane entre 2001 et 2008.

Pourtant, avec le projet Renard, le directeur du Centre canadien de valorisation du diamant à Matane y croit encore. «Si le gouvernement s'entend avec la minière pour qu'elle livre des pierres de qualité, il n'y a aucune raison que ça ne fonctionne pas», avait affirmé Alain Bernard à La Presse Affaires l'été dernier.