L'énième round vient de prendre fin dans le combat que se livrent les sociétés papetières Mercer et Papiers forestiers Résolu (PFR) pour l'obtention de Fibrek. Dans une décision rendue publique mardi en fin d'après-midi, la Cour d'appel du Québec donne raison à PFR et refuse à Fibrek la réalisation d'un placement privé favorable à Mercer. La bataille pourrait maintenant se transporter devant la Cour suprême du Canada si Fibrek et Mercer, qui comptent interjeter appel, obtiennent satisfaction est entendu.

Au coeur du litige se trouvent 32,3 millions de bons de souscription spéciaux que Fibrek souhaite céder à Mercer dans le cadre du placement privé. Ces bons, convertibles en autant d'actions de Fibrek, permettraient, une fois exercés, de réduire la proportion des actions sous le contrôle de PFR tout en augmentant celle de Mercer. La décision rendue mardi par la Cour d'appel du Québec coupe toutefois court à cette transaction.

Pour casser le jugement, la direction de Fibrek a indiqué hier par voie de communiqué son intention de s'adresser au plus haut tribunal du pays. En entrevue téléphonique à La Presse Affaires, Dany Paradis, vice-président chez Fibrek, a indiqué que cette demande d'appel à la Cour suprême serait lancée «le plus rapidement possible».

Depuis novembre

Le feuilleton qui mêle PFR, Mercer et Fibrek a pris naissance le 28 novembre dernier. PFR, connue anciennement sous la dénomination d'AbitibiBowater, annonçait alors son intention de lancer une offre hostile pour l'obtention des actions de Fibrek à un coût de 1$ l'action.

Pour contrer cette offensive, Fibrek s'est alliée à Mercer, société papetière américaine. Par l'entremise d'une offre amicale d'achat équivalente à 1,30$ l'action annoncée le 10 février, Mercer s'est proposée pour mettre la main sur le fabricant de pâte kraft qui compte une usine à Saint-Félicien, et deux autres aux États-Unis.

Pour l'instant, aucune des deux propositions d'achat n'a obtenu la majorité simple d'actions requise pour être entérinée. L'offre déposée par Résolu, bien qu'inférieure de 23%, reçoit l'appui de 46,6% des actions en circulation, essentiellement détenues par les sociétés Fairfax Financial Holdings, Pabrai Investment Funds et Oakmont Capital. Fairfax détient également environ 18% des actions de PFR.

La proportion des actions consenties à l'offre de Mercer demeure pour l'instant inconnue. Mercer n'a pas répondu aux appels de La Presse Affaires.

De son côté, PFR n'a pas souhaité commenter la décision de Fibrek de s'adresser à la Cour suprême. «On suit le cours du processus et on porte une attention à ce que les tribunaux vont décider», a indiqué Pierre Choquette, directeur des affaires publiques chez Résolu.

Rappelons que Fibrek compte sur l'appui du gouvernement québécois dans sa bataille pour éviter de passer sous le contrôle de PFR. Investissement Québec a en effet consenti un prêt de 70 millions de dollars à Mercer pour l'aider à financer l'achat de Fibrek.

À la clôture des marchés hier à la Bourse de Toronto, l'action de Fibrek a cédé 9 cents, ou 7,8%, pour clôturer à 1,07$.