Le président américain Barack Obama ordonnera l'accélération du processus d'acceptation pour la construction de la portion sud de l'oléoduc Keystone XL de Trans-Canada.

Selon des responsables de l'administration Obama, le président émettra une directive en ce sens jeudi, dans une cour d'emmagasinage à Cushing, en Oklahoma, là où doit s'amorcer la section sud de l'oléoduc, afin de régler un problème d'embouteillage dans l'acheminement du pétrole produit par les États du Midwest vers les raffineries du golfe du Mexique.

«Le besoin pour de nouvelles infrastructures est criant parce que la production pétrolière américaine surpasse la capacité des oléoducs à transporter le pétrole jusqu'aux raffineries», a précisé la Maison-Blanche, par voie de communiqué.

Cette décision survient quelques heures après que des dirigeants de l'industrie pétrolière américaine eurent réprimandé Barack Obama, à la veille de sa visite à Cushing, lui demandent de donner le feu vert à la construction de la totalité du pipeline, et pas seulement à une portion de celui-ci.

Dans une lettre ouverte publiée mercredi dans le quotidien The Oklahoman, les dirigeants américains ont indiqué que le projet devrait recevoir son approbation dès maintenant et pas «après les élections».

«Les États-Unis tireront le plus de profits lorsque nous pourrons transporter le pétrole de notre meilleur partenaire énergétique, le Canada, et celui des États riches en pétrole, comme le Dakota du Nord et le Montana.»

La cour d'emmagasinage de Cushing abrite les tuyaux qui doivent être utilisés pour la construction du pipeline reliant les États producteurs de pétrole jusqu'aux raffineries texanes du golfe du Mexique. Pour l'instant, le transport vers le sud du pétrole brut provenant du Dakota du Nord et du Montana, notamment, est entravé par la capacité insuffisante des oléoducs existants et par une pénurie de wagons-citernes.

Le processus d'acceptation d'un oléoduc peut prendre jusqu'à un an, un délai que M. Obama souhaite voir amputer de plusieurs mois.

Les environnementalistes ont exprimé leur déception quant à cette décision. Depuis des mois, ils organisent des campagnes pour protester contre la construction du pipeline Keystone XL, dénonçant le transport du pétrole issu des sables bitumineux de l'Alberta, qu'ils qualifient de «pétrole sale», à travers six États américains, jusqu'aux raffineries texanes.

«L'administration ne peut prétendre vouloir protéger le climat alors qu'elle se fend en quatre pour permettre la construction d'un oléoduc pour la pire bombe à carbone du continent», a estimé par voie de communiqué Kim Huynh, de l'organisme les Amis de la Terre.

Des groupes environnementalistes prévoyaient tenir une manifestation à Cushing, jeudi.

Le département d'État américain doit encore prendre une décision quant la construction de la totalité de l'oléoduc, affirmant avoir besoin de plus de temps pour mener des études environnementales approfondies sur les effets d'une nouvelle route traversant un aquifère fragile du Nebraska.

En novembre, le département d'État avait reporté sa décision à après les prochaines élections présidentielles, en novembre, motivant sa décision par ses inquiétudes concernant l'aquifère.

Or, plusieurs ont accusé Barack Obama de poser un geste visant à calmer les environnementalistes faisant partie de la base partisane du président démocrate, tout en augmentant ses chances d'être réélu.