Chez Produits forestiers Résolu, à Saguenay et à Alma, absolument rien n'indique que le gouvernement a retiré à l'entreprise le droit de produire de l'électricité à la plus grosse centrale de son réseau.

«On n'entend parler de rien», assure le responsable d'Hydro-Saguenay, Michel Leroux. Pour lui, à quelques heures du 2 mars, le délai fixé par le ministre Clément Gignac pour passer à l'action, c'était «business as usual».

Rien ne s'est encore produit, et le délai a été repoussé au 1er avril. Tout indique que le ministre trouve difficile de passer de la parole aux actes.

Sa décision est attendue de pied ferme. Tous les intervenants de la région s'entendent pour réclamer que cette énergie reste dans la région, pour créer des emplois et des retombées économiques.

Les 63 mégawatts enlevés à Résolu peuvent générer des profits de 15 millions par année au tarif industriel régulier de 4,5 cents le kilowattheure. «Si j'avais 15 millions par année pour faire de la promotion économique, des entreprises, j'en trouverais», salive déjà le maire de Saguenay, Jean Tremblay.

La ville de Saguenay, qui gère un mini-réseau hydroélectrique, connaît la valeur énorme des droits hydrauliques. Son maire compare ça à ramasser de l'argent par terre. Il ne faut surtout pas que l'énergie enlevée à Résolu énergie soit remise dans le réseau d'Hydro-Québec, prévient le maire.

Le député de Jonquière, Sylvain Gaudreault, est d'accord avec lui. «Hydro fera quoi avec cette électricité? La revendre au Vermont à 5,8 cents le kilowattheure, sans aucune retombée?» s'interroge-t-il.

Le député pointe la campagne de promotion du gouverneur de l'État de New York, Andrew Cuomo, pour attirer des entreprises. L'État leur offre 910 mégawatts d'électricité à bon prix, dont 50% de source hydroélectrique. Une bonne partie de cette énergie verte est achetée du Québec pas cher, précise la publicité du programme baptisé ReChargeNY.

«C'est écrit en toutes lettres, cheap hydropower from Quebec», se scandalise-t-il.

Il est plus que temps que le gouvernement se réveille et exige des retombées en échange de son électricité, selon lui. Sa décision de retirer les droits hydrauliques à Résolu sur une de ses centrales était la bonne chose à faire, estime-t-il.

Cette décision pourrait entraîner d'autres fermetures et d'autres mises à pied dans la région. «C'est un risque, mais à long terme, on ne peut pas perdre, dit-il. Il suffit de faire les bons choix».

Le maire Tremblay en rajoute. Si Résolu ne s'en sort pas, dit-il, on aura toujours l'énergie et le bois. «Le bois, ça sert pas juste à faire du papier».