L'engouement pour le fer du Québec et du Labrador était toujours aussi palpable cette année au congrès de l'Association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs miniers (PDAC), qui s'est terminé hier et auquel ont participé plus de 30 000 personnes à Toronto.

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L'an dernier, le congrès s'était ouvert sur l'annonce du partenariat entre New Millennium et Tata Steel. Cette fois, pas de nouvelle majeure, mais beaucoup d'intérêt pour la panoplie de projets en cours dans l'est du pays, où de nouvelles compagnies apparaissent sans cesse.

Le projet du lac Otelnuk, entre Schefferville et Kuujjuaq, continue d'attirer l'attention, lui qui pourrait mener à la plus grande exploitation minière du Canada. Dans la dernière année, le promoteur Adriana Resources a conclu une entente avec l'aciériste chinois WISCO. «Avec WISCO, nous avons un projet, a affirmé à La Presse Affaires le président et chef de la direction d'Adriana, Allen Palmiere. Avant, tout était théorique, maintenant c'est une question d'exécution.»

Au début de 2011, l'américaine Cliffs Natural Resources a mis la main sur la québécoise Consolidated Thompson et sa mine du lac Bloom, à Fermont. Un an plus tard, les artisans de Consolidated Thompson n'ont pas eu de mal à trouver du travail dans le secteur.

Le PDG Richard Quesnel et le vice-président finances Marc Duchesne se sont joints à l'équipe de conseillers de Champion Minerals, qui travaille notamment sur le projet Fire Lake North, au sud de Fermont. Hubert Vallée, qui a développé les aspects techniques et logistiques de la mine du lac Bloom, est récemment devenu vice-président de la logistique, du développement et des opérations chez Century Iron Mines. La société canadienne, appuyée par WISCO et d'autres investisseurs chinois, a des projets dans la Fosse du Labrador et à la Baie-James.

François Laurin, auparavant chef de la direction financière chez Consolidated Thompson, a pris la tête de la toute jeune Cap-Ex Ventures, lancée pour développer des propriétés près de Schefferville, surtout du côté du Labrador.

On peut cependant se demander s'il y a assez de place pour tous ces acteurs. Allen Palmiere, d'Adriana, rappelle que «toutes ressources confondues, et pour toutes sortes de raisons, il n'y a peut-être que 15% des projets de mines annoncés qui deviennent effectivement des mines.» La clé, c'est l'accès au capital nécessaire, souvent imposant, un problème qu'Adriana a résolu en s'alliant avec WISCO.

Justement, la volonté encore manifeste des clients asiatiques de financer des projets et sécuriser leur approvisionnement montre qu'il y a de la place pour beaucoup d'acteurs, soutient François Laurin, de Cap-Ex. Selon lui, la qualité du minerai dans l'est du Canada - sa bonne concentration et son faible taux de contaminants - est également un atout pour que les projets fassent leur place dans les marchés.

Les terres rares moins courues

Les terres rares, indéniablement populaires auprès des investisseurs en 2010 et 2011, n'ont pas autant attiré l'attention au congrès cette année, a constaté Frédéric Fleury, géologue de projet chez Matamec, qui développe un gisement au Témiscamingue avec l'aide de Toyota.

La baisse de la demande mondiale dans les derniers mois a réduit les pressions sur les prix, qui ont entamé une correction tout de même légère en comparaison de l'explosion des années précédentes. «Ce n'est pas nécessairement mauvais, explique en substance Frédéric Fleury. Car si les prix sont trop élevés, cela pousse les utilisateurs à chercher des substituts.»

Même si l'euphorie des terres rares est passée, Matamec estime être en bonne position étant donné ses relations avec Toyota. Elle compte aussi sur un projet surtout riche en terres rares lourdes, moins répandues, mais plus efficaces.

Comme par les années passées, le Québec a été un acteur de premier plan au congrès du PDAC. On entendait fréquemment parler français sur le plancher. Un séminaire sur le Plan Nord a fait salle comble, attirant environ 200 personnes. Le premier ministre Jean Charest est également venu faire son tour, s'arrêtant notamment dans le grand kiosque tenu par le gouvernement du Québec. Il a aussi rencontré des dirigeants de sociétés minières, dimanche et lundi.