En réaction à plusieurs reportages critiques sur l'amiante, la mine Jeffrey a lancé une contre-offensive pour convaincre les élus de Québec et d'Ottawa d'appuyer son projet de relance, piloté par la société Balcorp.

À la fin janvier, le porte-parole de la société, Guy Versailles, a envoyé une lettre (voir plus bas) aux députés et sénateurs fédéraux. «C'était peu après la diffusion d'un reportage au National, à la CBC», a indiqué M. Versailles.

La semaine suivante, il envoyait la même missive aux élus de l'Assemblée nationale. Pour ce, il s'est inscrit au registre des lobbyistes pour un court mandat, qui est déjà terminé.

Le gouvernement Charest a déjà promis une garantie de prêt de 58 millions $ à Balcorp pour relancer la mine Jeffrey, à Asbestos. Mais avant d'obtenir ce financement, Balcorp doit amasser 25 millions $. Elle n'a pas encore réussi. Selon Amir Khadir, Desjardins aurait récemment refusé et aucune autre banque ne serait intéressée. Le projet serait donc en péril, selon le député de Québec solidaire.

Le PQ ne s'oppose pas à la relance de la mine. Il réclame une commission parlementaire pour débattre de l'amiante.

M. Versailles reconnaît que c'est le financement, et non les critiques de quelques députés indépendants, qui est le principal défi de Balcorp.

Malgré tout, il déplore la «désinformation» que véhiculeraient selon lui certains groupes environnementaux. «On leur envoie 10 fois de l'information, et ils n'en tiennent pas plus compte», regrette-t-il.

Il se dit victime de la «mauvaise foi» de certains militants, dont Kathleen Ruff, qui a reçu l'année dernière un prix de l'Association canadienne de santé publique. «Elle se réveille la nuit pour nous haïr», lance M. Versailles.

LETTRE ENVOYÉE AUX DÉPUTÉS QUÉBÉCOIS

Madame, Monsieur,



Radio-Canada a diffusé hier soir une émission qui relatait des événements survenus entre les années 1930 et 1970 dans l'industrie de l'amiante.  Ce reportage décrit l'industrie de l'amiante telle qu'elle existait il y a plusieurs décennies.  En 2012, les pratiques de l'industrie, ainsi que les produits du chrysotile utilisés au Québec, sont très sécuritaires.  Malheureusement, l'équipe qui a produit le reportage a refusé de tenir compte de certaines réalités pourtant essentielles et laisse planer le doute quant à l'intégrité de cette industrie.

Le Québec s'est taillé une place de leader en matière de pratiques d'utilisation sécuritaires du chrysotile.Plusieurs ignorent qu'une grande partie du réseau d'alimentation en eau potable du Canada est composée de tuyaux de chrysotile-ciment. Ces mêmes tuyaux se trouvent également dans plusieurs dizaines d'immeubles importants construits depuis une décennie, incluant La Maison Symphonique de Montréal, domicile de l'Orchestre symphonique de Montréal.  Ils sont présentement en voie d'être installés dans le Centre universitaire de santé McGill actuellement en construction. Les feuilles et les bardeaux en chrysotile-ciment étaient autrefois utilisés à grande échelle partout au Canada, et sont encore très courants dans certaines régions. Tous ces produits sont tout à fait sécuritaires.



À l'été de 2012, l'Honorable Baljit S. Chadha a appris que la mine de chrysotile la plus ancienne du pays était sur le point d'être fermée en dépit de ses réserves prouvées de minerai et d'un marché international très solide pour le chrysotile. La perte de cette industrie, surtout pendant le redressement de l'économie fragile du Canada,représenterait aussi une grande perte pour les familles de la communauté. Il a consulté les membres du syndicat et réuni un groupe d'investisseurs. Conjointement avec les propriétaires actuels de la mine, Mine Jeffrey a approché le gouvernement dans le but de relancer son offre d'une garantie de prêt à la mine et multiplier dix fois son niveau de production.

Après avoir étudié le sujet àfond et mûrement réfléchi, M.Chadha a conclu qu'il pouvait faire confiance aux réglementations et directives établies pour assurer que l'extraction, la production et l'utilisation du chrysotile se fassent de manière aussi sécuritaire que possible.



Il existe dans les pays grands utilisateurs de chrysotile des usines modernes où les conditions de santé et de sécurité sont comparables à celles prévalant dans les usines québécoises.  Mine Jeffrey et le gouvernement du Québec élaboreront et mettront en application un Protocole d'utilisation sécuritaire et responsable, assorti d'un programme d'inspections (incluant des visites non annoncées) qui assurera que le chrysotile soit toujours manipulé correctement dans tous les pays où il est exporté. Nous sommes engagés à travailler en collaboration et à appuyer le gouvernement du Québec dans l'établissement de nouvelles normes sécuritaires relativement à l'utilisation du chrysotile. Tout comme le Canada, bon nombre de marchés émergents utilisent le chrysotile avec le béton pour renforcer leurs infrastructures.

Il est malheureusement vrai que le chrysotile est utilisé de manière non sécuritaire dans certaines entreprises de pays en développement.  Nous ne vendrons pas notre chrysotile à cesentreprises mais elles s'approvisionneront sans peine puisque la production du Québec, même après la relance de la mine Jeffrey, ne représentera guère plus de 10 % de la production mondiale.  Toutefois, notre influence en matièred'utilisation sécuritaire peut être beaucoup plus grande.  Notre projet est simple : exporter notre expertise en matière d'utilisation sécuritaire en même temps que notre fibre de chrysotile, contribuant ainsi de manière importante à l'assainissement de l'industrie mondiale du chrysotile.



Pour plus d'information sur le sujet, nous vous invitons à lire le document ci-joint. Vos questions et commentaires sont bienvenus. Si vous souhaitez en savoir davantage ou discuter de ce projet, je vous invite à communiquer avec moi.

Cordialement,

Guy Versailles, ARP

Porte-parole de Mine Jeffrey