Le règlement à l'amiable intervenu entre BP (BP) et les entreprises privées de la région du golfe du Mexique annoncé vendredi devrait permettre au prix de l'action de poursuivre sa remontée vers son niveau d'avril 2010.

C'est ce jour-là qu'une explosion survenue sur une plateforme de forage dans le Golfe a causé la mort de 11 travailleurs et entraîné un déversement de 4 millions de barils de pétrole. Le titre a alors été emporté dans une spirale à la baisse. Il est passé de 60$ à 26$ en trois mois.

Malgré l'incertitude causée par les poursuites, le cours de l'action de la pétrolière britannique s'est relevé de cette descente aux enfers subie en 2010 et atteignait 47,50$ à la clôture des marchés juste avant l'annonce du règlement, vendredi dernier.

Lors d'une entrevue accordée à Bloomberg hier, Jason Kenney, analyste chez Banco Santander, à Édimbourg, prévoyait que le titre gagnerait 5% cette semaine, et continuerait de s'apprécier de 10% supplémentaires au cours des prochains mois.

Le règlement a de quoi plaire aux marchés. Les indemnités versées par BP aux sociétés de la région devraient totaliser 7,8 milliards, alors que l'on avait plutôt prévu 14 milliards.

Toutefois, BP doit aussi faire face à une poursuite en dommages de plus de 17 milliards du gouvernement américain pour des violations de la loi sur la pollution. Il s'agit du plus important litige qui reste à régler.

Le procès devait débuter hier, mais on a préféré en retarder le début afin d'évaluer l'impact de l'entente intervenue vendredi. Cette entente avec le plus important groupe de plaignants pourrait faciliter les négociations avec le gouvernement.

BP a déjà inscrit à ses états financiers des charges totalisant 37 milliards pour faire face à toutes les éventualités liées à ce dossier.

Gare à la hausse du prix du pétrole

Le secteur énergétique a bien profité de la reprise boursière amorcée en octobre, tant au Canada qu'aux États-Unis. Alors que le titre BP passait de 34$ à 48$, un gain de 35%, Exxon Mobil, dont la production se divise également entre le pétrole et le gaz naturel, gagnait pour sa part près de 30%. Au Canada, Suncor a volé la vedette avec un gain de plus de 40%. Pas surprenant, car le prix du pétrole a fait une grande remontée durant cette période, passant de 78$ à 106$.

Depuis le début de l'année, les secteurs énergétiques s'arriment à peu près aux indices boursiers. Le secteur canadien gagne 6% contre un gain de 5% du S&P/TSX. Le secteur américain, beaucoup moins important dans l'indice qu'au Canada, s'apprécie de 7% alors que l'indice S&P 500 est en hausse de près de 9%.

Mais si la hausse du prix du pétrole a bien servi les pétrolières jusqu'à maintenant, il faut maintenant commencer à s'en inquiéter, explique Daniel Lavoie, gestionnaire de portefeuille adjoint chez FieraSceptre. «La hausse du prix du pétrole, si elle devait se poursuivre, aurait un effet négatif sur l'activité économique», dit-il. Un ralentissement de la croissance fera baisser les prix des commodités et tous les secteurs cycliques seront touchés.

Pour l'industrie pétrolière canadienne, le prix du pétrole n'a pas besoin d'être aussi élevé. «Elle peut très bien s'accommoder d'un prix du baril de pétrole à 95-100$», dit M. Lavoie. Un prix de 110$ pour le West Texas Intermediate (WTI) et de 125$ pour le Brent européen pourrait commencer à freiner la demande.

Le prix plus bas du WTI s'explique par plusieurs facteurs. D'abord, contrairement au Brent qui fait l'objet d'une demande mondiale, le WTI est un marché régional. Et sur ce marché, la demande tend actuellement à baisser, alors que la production est à la hausse. De plus, le marché du WTI fait face à un problème d'infrastructures. Les inventaires sont stockés à Cushing, en Oklahoma, et les pipelines n'ont pas la capacité nécessaire pour réduire rapidement ces inventaires.

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