L'ingénieur géologue qui a participé à la préparation du dernier rapport technique d'Orbite Aluminae (T.ORT) aurait avoué à l'Autorité des marchés financiers (AMF) qu'il n'était pas «à l'aise» avec les terres rares, pourtant l'un des aspects majeurs du projet d'Orbite.

> Suivez Hugo Fontaine sur Twitter

C'est ce qu'affirme l'AMF dans une demande d'ordonnance d'interdiction sur les opérations du titre d'Orbite. L'ingénieur géologue nie avoir dit cela, tandis qu'Orbite défend la compétence du spécialiste.

Le document déposé par l'AMF, daté du 24 février, relate ce qui s'est passé depuis qu'Orbite a annoncé les résultats de l'évaluation économique préliminaire (EEP) de son projet gaspésien d'alumine et de terres rares, à la fin de novembre, et qu'elle a déposé le rapport technique à l'appui, à la mi-janvier.

L'ingénieur-géologue à la retraite Jean-Guy Levaque a signé le rapport à titre de «personne qualifiée» indépendante. Il a préparé les sections relatives à la géologie et aux quantités de ressources. Or, l'AMF a jugé le rapport non conforme, ayant trouvé des lacunes importantes sur plusieurs éléments relatifs aux terres rares, des minéraux qui rapporteraient 56% des revenus du projet, selon les calculs de l'EEP.

L'AMF soutient que, dans un entretien téléphonique avec le géologue de l'Autorité, M. Levaque a confirmé qu'il n'était pas «à l'aise» avec les terres rares. L'AMF ajoute: «M. Levaque a indiqué qu'il était prématuré à ce stade-ci de parler de quantités d'éléments de terres rares dans le cadre du projet.»

Joint hier par La Presse Affaires, M. Levaque a nié avoir tenu ces propos. «Je n'ai pas dit que je n'étais pas à l'aise avec les terres rares. J'ai probablement dit: «Qu'est-ce que tu veux? Qu'est-ce que tu reproches? Qu'est-ce qui manque?»

Selon M. Levaque, les terres rares ne sont que du «bruit de fond» dans la géologie du gisement d'argile alumineuse, en ce sens que les teneurs sont très faibles, même si le gisement est très grand. «Je ne sais pas pourquoi ils s'énervent [l'AMF] tant que ça avec ça.» Il dit toujours ne pas savoir exactement ce que veut l'AMF.

L'AMF a également noté que les deux rapports techniques précédents préparés par M. Levaque, qui ne concernaient que l'alumine, «comportaient de nombreuses non-conformités au moment de leur dépôt initial», ce qui avait nécessité des interventions des l'Autorité. L'AMF demande d'ailleurs à ce qu'au moins deux nouvelles «personnes qualifiées» endossent l'EEP.

Hier, l'avocat d'Orbite, Marc-André Fabien, a indiqué que la société «est en désaccord avec de nombreux éléments mentionnés dans le document déposé par l'AMF». Il n'a pas voulu mentionner lesquels, étant donné que la société est toujours en négociations avec l'AMF pour présenter une ordonnance commune vendredi au Bureau de décision et de révision.

Le président et chef de la direction d'Orbite, Richard Boudreault, affirme de son côté que M. Levaque «est une personne de haut calibre, avec énormément d'expérience. C'est difficile de dire qu'il ne serait pas parmi les meilleurs choix possible au Canada» dans le domaine de l'argile. M. Boudreault précise également que M. Levaque avait l'avantage d'être en Gaspésie, où il réside six mois par année.

Il assure qu'Orbite a contrevérifié les calculs de M. Levaque.