Le gouvernement canadien s'est réjoui jeudi de ce que des experts de l'Union européenne (UE) ne soient pas parvenus à se mettre d'accord sur un projet qui classerait le pétrole issu des sables bitumineux dans une catégorie très polluante, une perspective qui l'inquiétait.

«Nous croyons comprendre que le Comité de la qualité des carburants de l'UE n'a pas approuvé aujourd'hui la mesure d'exécution de sa directive sur la qualité des carburants», a déclaré dans un communiqué le ministre canadien des Ressources naturelles, Joe Oliver.

«Nous sommes heureux de constater que de nombreux pays membres de l'UE sont opposés à cette mesure discriminatoire», a-t-il ajouté.

«Il n'y a pas eu de majorité qualifiée pour ou contre» sur les modalités de mise en oeuvre d'une directive sur la qualité des carburants (DQC), avait indiqué auparavant le porte-parole de la Commission européenne pour les questions liées au climat, Isaac Valero Ladron.

Il reviendra maintenant aux ministres de l'Environnement des 27 pays de l'UE de décider, lors d'une réunion prévue en juin, s'ils approuvent la DQC, en discussion depuis 2008.

Le dossier est suivi avec une grande attention par le Canada, qui détient les troisièmes réserves de pétrole de la planète, et les grandes compagnies pétrolières, comme le français Total, le britannique BP ou l'anglo-néerlandais Royal Dutch Shell, qui ont investi dans les sables bitumineux de l'Alberta.

Le projet de directive doit fixer une valeur d'émissions de gaz à effet de serre à chaque source de carburant, ce qui pourrait désavantager les sables bitumineux, dont l'extraction, difficile, nécessite une forte quantité d'énergie. Elle produit ainsi une quantité de carbone bien plus importante que le pétrole conventionnel, ce que conteste vigoureusement le gouvernement conservateur d'Ottawa.

«Des études indépendantes ont montré que la quantité de gaz à effet de serre émise pendant le cycle de vie du brut tiré des sables bitumineux est semblable, et parfois même inférieure, à celle de plusieurs bruts qui sont actuellement importés et quotidiennement utilisés dans les pays de l'UE», a indiqué M. Oliver.

Le Canada, premier fournisseur de pétrole des États-Unis, n'en exporte pas encore vers l'Europe, mais cherche à diversifier ses marchés et craint qu'une éventuelle décision négative de l'UE ne nuise à ses efforts.

«Si l'UE va de l'avant avec l'exécution de sa directive ou de toute autre mesure injustifiée et discriminatoire, le Canada n'hésitera pas à défendre ses intérêts», a averti M. Oliver. Ottawa a déjà évoqué un possible recours devant l'Organisation mondiale du commerce.

«Notre gouvernement continuera de faire la promotion du Canada - et des sables bitumineux - comme source d'énergie stable, sûre et responsable dans le monde», a-t-il dit.