Produits forestiers Résolu perdra entre 12 et 15 millions de dollars si le gouvernement du Québec ne lui redonne pas le droit d'exploiter la centrale hydroélectrique Jim-Gray, au Saguenay.

«C'est sûr que ça fait mal. Ça nous fragilise», a expliqué hier le président et chef de la direction de l'entreprise, Richard Garneau, après la publication des résultats de 2011.

Dans un entretien avec La Presse Affaires, le grand patron de Résolu a fait savoir que ce qu'il appelle la «mésentente» avec le gouvernement du Québec rend la situation plus difficile pour son entreprise.

Résolu, qui a fini l'année avec une perte de 6 millions, fait face à un déficit de sa caisse de retraite de 1,3 milliard, a rappelé Richard Garneau.

L'entreprise n'a pas complètement abandonné l'espoir de récupérer ses droits hydrauliques sur la centrale de 63 mégawatts sur la rivière Shipshaw. Les deux parties ont encore quelques semaines pour effectuer la transition, un délai qui pourrait suffire à trouver un terrain d'entente.

Québec veut que Résolu s'engage à investir 400 millions au cours des 10 prochaines années, en échange du renouvellement des droits hydrauliques. L'entreprise affirme qu'elle ne peut pas prendre d'engagement sans l'assurance d'avoir un approvisionnement en bois suffisant.

Richard Garneau n'en démord pas. «Quand on va voir notre banquier, il nous demande combien de bois on a. Alors, on dit au gouvernement: dites-nous combien de bois on aura et on vous dira combien on va investir.»

Le gouvernement ne peut pas promettre un approvisionnement à Résolu parce qu'une partie de la forêt publique sera mise aux enchères, comme le veut le nouveau régime forestier.

Les 15 millions de revenus générés par la centrale Jim-Gray représentent le tiers des profits de 41 millions US de Résolu pour l'exercice terminé le 31 décembre dernier. N'eût été les charges ponctuelles, le bénéfice net de l'exercice aurait atteint 166 millions US, ou 1,71$US par action

Résolu a fini l'année dans le rouge, avec une perte de 6 millions US (6 cents par action) au quatrième trimestre. Ni la demande ni le prix de la pâte n'ont été favorables au cours du dernier trimestre, a expliqué M. Garneau.

L'action a plongé de 5% hier, à 15,13$. Depuis un an, le titre a varié entre 14,26$ et 30,10$.

Richard Garneau estime toutefois que les résultats du dernier trimestre sont satisfaisants. En excluant les charges ponctuelles, le bénéfice du quatrième trimestre est de 45 millions, «ce qui n'est pas si pire étant donné les arrêts de production qu'a eus», souligne-t-il.

Le patron de Résolu ne voit pas encore de signes encourageants à l'horizon. «Pour l'instant, ce n'est pas fort», a-t-il dit.

Le papier journal, qui est toujours le principal produit de Résolu, a continué son déclin en 2011. La demande mondiale a diminué de 5,2% au cours de l'année.

Il y a un côté positif dans ce déclin, selon Richard Garneau. La baisse de la consommation de papier journal signifie une réduction de la disponibilité du papier recyclé, ce qui devrait finir par avoir un effet à la hausse sur la demande de pâte vierge, explique-t-il.

Par ailleurs, le patron de Résolu est toujours déterminé à faire l'acquisition de Fibrek au prix de 1$ l'action, même si la pression augmente pour qu'il bonifie cette offre.

Il n'en est pas question, a-t-il dit hier. Il est prêt, par contre, à renoncer à acquérir toutes les actions de Fibrek pour se contenter des actions qui ont déjà été déposées en vertu de son offre, soit autour de 57%.

Résolu a intenté des procédures pour que la direction de Fibrek soumette son offre à ses actionnaires le plus tôt possible. Fibrek, de son côté, affirme être en train de considérer une meilleure proposition.