La réouverture des usines de papier de Produits forestiers Résolu (T.ABH) à Dolbeau-Mistassini et à Gatineau ne sera pas une bonne nouvelle pour tous les employés de l'entreprise anciennement connue sous le nom d'AbitibiBowater.

«Il faut que ça soit neutre. Si on repart des usines, il faudra fermer quelque chose d'autre ailleurs. (...) Si on ajoute de la capacité et que la demande continue de faiblir, c'est une équation qui ne fonctionne pas», a déclaré le grand patron de Résolu, Richard Garneau, au cours d'un entretien téléphonique, jeudi.

M. Garneau a refusé de préciser quelles usines l'entreprise pourrait fermer.

Résolu aimerait rouvrir les installations de Dolbeau-Mistassini et de Gatineau en 2012, mais ce n'est pas encore chose faite. Depuis plusieurs mois, l'entreprise tente de s'entendre avec Québec afin d'obtenir les approvisionnements en bois nécessaires à leur redémarrage. Le hic, c'est que pour des raisons environnementales, le gouvernement veut réduire la superficie des territoires de coupe.

«On n'est absolument pas contre les changements que le gouvernement planifie, mais on essaie de savoir combien il va y avoir de bois en 2013 et pour les années suivantes, a expliqué Richard Garneau. C'est ça la question fondamentale, parce qu'on ne peut pas s'engager à faire des investissements sans savoir combien il va y avoir de matière première.»

Ce refus de Résolu de s'engager à effectuer un certain niveau d'investissements au cours des prochaines années a poussé Québec, au début janvier, à retirer à l'entreprise le droit d'exploiter la centrale hydroélectrique Jim-Gray, au Saguenay-Lac-Saint-Jean.

M. Garneau a indiqué jeudi que Résolu souhaitait récupérer l'utilisation du barrage, qui lui procurait un avantage économique oscillant entre 10 et 15 millions $ par année. Il a soutenu que les deux parties avaient jusqu'à la fin mars pour s'entendre.

Résultats

Résolu a par ailleurs publié jeudi ses résultats financiers pour le quatrième trimestre, qui a pris fin le 31 décembre.

L'entreprise montréalaise a essuyé une perte nette de 6 millions $ US (six cents US par action), alors qu'elle avait dégagé un bénéfice net de 4,2 milliards $ US (44,82 $ US par action) pendant la même période de l'an dernier. Résolu avait alors inscrit un gain de 3,51 milliards $ pour des éléments liés à sa restructuration judiciaire, dont elle est sortie à la fin 2010.

Les revenus trimestriels ont chuté de 9,8 pour cent pour atteindre 1,15 milliard $ US.

La rentabilité a reculé dans les secteurs du papier de bureau, des papiers pour usages spéciaux, de la pâte et des produits du bois, mais s'est améliorée dans le secteur du papier journal.

«Les résultats du quatrième trimestre ont principalement été touchés par la faiblesse de la demande et par les bas prix de la pâte commerciale», a commenté Richard Garneau.

Dans le secteur du papier journal, de loin le plus important chez Résolu, les exportations sont passées de 47 à 41 pour cent des ventes totales en un trimestre à cause de la vive concurrence internationale.

Profitant de la force du dollar américain face à l'euro, «les producteurs européens étaient beaucoup plus compétitifs dans les pays asiatiques», a noté M. Garneau.

Le dirigeant a souligné qu'il s'agissait d'une situation temporaire. Résolu continue de viser une répartition égale de ses ventes de papier journal entre l'Amérique du Nord et le reste du monde.

L'entreprise compte cibler plus particulièrement l'Inde et la Chine, des marchés où le papier recyclé règne actuellement en maître. Or, la hausse constante du prix de ce papier en raison de la rareté accrue des matières recyclables pourrait rendre plus attrayant le papier fabriqué avec de la pâte vierge, estime Résolu.

L'incertitude économique incitera néanmoins l'entreprise à multiplier les arrêts de production au cours des prochains mois afin d'adapter sa production à une demande chancelante. Pour les travailleurs, cela signifiera plus de congés forcés.

«Le premier trimestre est toujours plus lent que les autres, mais cette année, c'est particulièrement lent», a relevé Richard Garneau.

Pour l'ensemble de l'année 2011, Résolu a engrangé un bénéfice net de 41 millions $ US (42 cents US par action) sur des ventes de 4,8 milliards $ US.

En 2010, l'entreprise avait dégagé un bénéfice net de 2,6 milliards $ US (27,63 $ US par action) sur des ventes de 4,7 milliards $ US.

L'action de Résolu a perdu cinq pour cent jeudi pour clôturer à 15,13 $, à la Bourse de Toronto.

Résolu possède ou exploite 18 usines de pâtes et papiers et 23 usines de produits du bois aux États-Unis, au Canada et en Corée du Sud. Elle commercialise ses produits dans près de 90 pays.