Les groupes suisses Glencore et Xstrata ont officialisé mardi leur projet de fusion très attendue, destinée à créer un géant mondial des matières premières pesant 90 milliards de dollars en Bourse et qui sera en mesure de rivaliser avec les autres acteurs du secteur.

L'union des deux groupes suisses, qui avait été en partie dévoilée jeudi dernier, va donner naissance à un mastodonte générant un chiffre d'affaires de 209,4 milliards de dollars (159,3 milliards d'euros) et un résultat brut d'exploitation de 16,2 milliards.

La nouvelle entité, baptisée Glencore Xstrata, se classera parmi les quatre premiers groupes miniers au monde, derrière l'anglo-australien BHP Billiton, le brésilien Vale et l'anglo-australien Rio Tinto.

«Une fusion entre Glencore et Xstrata offre une opportunité unique de créer un nouveau modèle d'affaires dans notre secteur pour répondre à un environnement changeant», a estimé le patron de Xstrata, Mick Davis, cité dans un communiqué.

Pour Ivan Glasenberg, le directeur général de Glencore, la fusion, d'un coût de 61,9 milliards de dollars, «permettra de réaliser une valeur immédiate et durable».

Les deux groupes, domiciliés dans les paradis fiscaux de Baar et de Zoug, étaient en discussions depuis 2006, a expliqué M. Glasenberg dans un entretien à l'AFP.

«L'introduction en Bourse en mai a permis d'obtenir une meilleure valorisation pour Glencore. Les marchés ont mieux compris» le fonctionnement du groupe, a souligné le Sud-Africain qui a réussi à s'entendre en décembre avec M. Davis sur ce projet.

Concrètement, les actionnaires de Xstrata obtiendront 2,8 actions Glencore pour chaque titre Xstrata, valorisant ce dernier à 1290,10 pence, soit une prime de 15,2% par rapport au prix de clôture de mercredi.

Le coût total de l'opération atteint 61,9 milliards de dollars.

L'actuel directeur général de Xstrata, Mick Davis, deviendra le patron de la nouvelle entité, tandis que son homologue de Glencore, Ivan Glasenberg, sera nommé directeur général adjoint.

Les synergies réalisées atteindront au moins 500 millions de dollars par an à partir du premier exercice.

«Il ne s'agit pas d'une opération destinée à réduire les coûts», a indiqué M. Davis à l'AFP. «Nous allons opérer à travers l'ensemble du secteur et ainsi bâtir des synergies en mettant en commun la production de Xstrata et le système de courtage de Glencore», a-t-il souligné.

Alors que Glencore profitera des matières premières de Xstrata, ce dernier bénéficiera du réseau de vente de Glencore, qui s'appuie sur 8000 fournisseurs et 54 bureaux à travers le monde, a illustré M. Glasenberg.

L'opération a été approuvée par les directeurs indépendants de Xstrata et les directeurs de Glencore qui vont demander à leurs actionnaires de voter pour cette fusion lors des prochaines assemblées générales, respectivement le 1er et le 9 mai.

Convaincre les investisseurs de Xstrata ne sera cependant pas aisé en raison de la «prime limitée», ont averti les analystes de Credit Suisse.

«Afin d'éviter un relèvement de l'offre, la direction de Xstrata devra s'appliquer à convaincre ses actionnaires», ont-ils ajouté dans une note.

Des investisseurs britanniques, Standard Life Investments, détenteur de 2,2% des actions de Xstrata, et le gestionnaire de fonds Schroders, ont d'ailleurs fait savoir qu'ils voteraint contre la fusion, à moins que les conditions offertes aux actionnaires ne soient meilleures.

Les deux groupes devraient aussi recueillir le feu vert des autorités de la Concurrence.

Les spécialistes de la banque helvétiques tablent sur des synergies dans les activités de marketing du charbon, du cuivre et du zinc.

Partie de presque rien, Glencore, qui détient 34% de Xstrata, fait figure d'acteur majeur du secteur. Il ne se contente pas d'être un géant du négoce, mais détient également une grande partie de ses actifs miniers, énergétiques et agricoles.

Le groupe, qui a lancé avec succès en mai 2011 son introduction à la Bourse de Londres et de Hong Kong, possède également ses propres installations portuaires, des entrepôts et une flotte de navires. Il a dégagé l'année dernière un bénéfice net en hausse de 7% à 4 milliards de dollars.

Xstrata a quant à lui dégagé un bénéfice net annuel en progression de 22% à 5,7 milliards de dollars.

À la Bourse de Londres, l'action Glencore a clôturé en baisse de 3,80% à 443,25 pence, tandis que Xstrata terminait sur un recul de 4,88% à 1200 pence, dans un marché quasi-stable.