Les prix de la viande bovine évoluent depuis quelques jours à des niveaux records sur les marchés agricoles aux États-Unis, en raison d'une production qui recule alors que la demande progresse de façon généralisée dans le monde.

Toutes les zones d'élevage de la planète sont concernées: le cheptel se réduit car il est concurrencé par des grandes cultures (maïs, blé et soja) et par la production laitière.

Ainsi, en 2011, la production mondiale de boeuf, de moins en moins rentable en raison des hausses du prix de l'alimentation animale, a reculé pour la quatrième année consécutive, selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et le ministère américain de l'Agriculture (USDA).

Après le recul de l'Argentine, c'est au tour des États-Unis d'afficher une situation critique. Selon les chiffres de l'USDA publiés fin janvier, les troupeaux bovins sont au plus bas depuis 60 ans (90,8 millions de bêtes) et en 15 ans, le cheptel a reculé de 13%.

La sécheresse dans le sud des États-Unis et notamment au Texas a eu un impact important sur le bétail. Or, le pays a un poids considérable dans le monde puisqu'il est le troisième exportateur, explique Chris Hurt, économiste à l'Université Purdue (États-Unis).

Conséquence directe: à Chicago, les prix flambent après avoir déjà pris 10% en 2011. Vendredi, la livre de bétail prêt à être abattu («live cattle») valait 1,2520$, tout proche de son record établi quelques jours plus tôt (1,2952$). Et les cours du bétail prêt à être engraissé («cattle feeder») était de 1,5555$.

Forte demande en Asie

Si le nombre de bêtes recule, la demande mondiale est elle toujours en hausse, tirée par les besoins des pays asiatiques. «La Corée du Sud a vu son cheptel décimé par la fièvre aphteuse. Et au Japon, après le tremblement de terre, la consommation de viande importée a progressé, aidé par la force du yen par rapport au dollar», explique un analyste de Goldman Sachs.

Autre pays qui tire la demande: la Russie, qui est devenue le premier importateur de boeuf au monde. La consommation de viande par habitant en Russie a cru de 52% entre 2000 et 2009, selon les données de l'USDA.

Dans ce contexte tendu, «la tendance à la hausse des prix va se poursuivre dans les mois qui viennent», selon Goldman Sachs.

Fort de cette analyse, les banques d'affaires ont chaudement recommandé ces dernières semaines à leurs clients de miser sur la viande de boeuf pour diversifier leurs portefeuilles.

«Il est clair qu'avec l'Australie, seule l'Inde, cinquième producteur mondial, a un clair potentiel pour faire progresser ses exportations en 2012», estime Caroline Monniot, économiste à l'Institut de l'élevage.

Son cheptel bovin, le plus important au monde (plus d'une fois et demie le cheptel brésilien), est aujourd'hui très peu utilisé pour produire de la viande, interdit hindouiste oblige. «Mais face à la forte demande mondiale, une véritable industrie exportatrice se structure», indique cette dernière qui estime que la viande indienne devrait donc encore gagner des parts de marché en 2012.