Les prix des métaux industriels au London Metal Exchange (LME) se sont repliés cette semaine, sapés par un regain d'inquiétude sur les perspectives de l'économie mondiale, sur fond d'indicateurs américains décevants, d'une demande chinoise en berne et de craintes pour la Grèce.

Après une vigoureuse hausse au mois de janvier, les prix des métaux industriels ont marqué un net fléchissement cette semaine, plombés notamment par une salve d'indicateurs américains moins bons qu'attendu, qui ont contribué à refroidir le moral des investisseurs.

«Beaucoup d'opérateurs ont pris ces statistiques en berne comme prétexte pour s'assurer quelques bénéfices, après la forte hausse des dernières semaines», a souligné William Adams, analyste de la société Fast Markets.

Les mauvaises nouvelles pour le mois de janvier se sont accumulées aux États-Unis : repli de la confiance des consommateurs en janvier, ralentissement de l'activité économique dans la région de Chicago, et net ralentissement des embauches dans le secteur privé américain.

Les opérateurs ont cependant salué vendredi le rapport mensuel sur l'emploi américain, qui a fait état d'une baisse inattendue du taux de chômage dans le pays à 8,3% : cette bonne statistique a provoqué un vif sursaut des prix des métaux, leur permettant de limiter quelque peu leurs pertes de la semaine.

«Les perspectives du pays restent en demi-teinte, et devraient maintenir sous pression les prix des métaux», a estimé M. Adams.

La situation de la zone euro représente une autre ombre au tableau, alors que la Grèce est toujours empêtrée dans des négociations avec ses créanciers privés pour réduire sa dette colossale.

«Même si la Grèce évite un défaut de paiement, les pays les plus fragiles de la zone euro resteront tous soumis à de sévères plans d'austérité prolongés, qui entraveront encore plus le retour de la croissance économique, plombant l'appétit des investisseurs pour les actifs à risque, dont les matières premières», a prévenu Julian Jessop, analyste du cabinet Capital Economics.

Enfin, en dépit d'un indice officiel faisant état mercredi d'une expansion de l'activité manufacturière en Chine en janvier, les opérateurs s'interrogeaient cette semaine sur la solidité de la demande du géant asiatique, premier pays consommateur de métaux industriels.

«Après la trêve du Nouvel an lunaire, les acheteurs chinois tardent à revenir sur le marché des métaux, et leur manque apparent d'enthousiasme est une préoccupation croissante pour les investisseurs», a expliqué Nicholas Snowdon, analyste de Barclays Capital.

«L'état de l'offre et de la demande dans le pays montrent que la situation empire, et les stocks au marché des métaux de Shanghai, comme ceux qui gonflent les entrepôts des entreprises chinoises, ne cessent de croître», a-t-il noté.

Ces deux dernières semaines, les stocks de cuivre de la Bourse des métaux de Shanghai ont bondi de 48 000 tonnes (+25%) selon le courtier américain INTL FCStone, ce qui pourrait ralentir fortement les importations chinoises de métal rouge.

Par ailleurs, «les prix des métaux n'ont pas réagi à l'annonce» d'un possible rapprochement imminent entre le groupe minier suisse Xstrata et son compatriote Glencore, deux géants des matières premières, a noté Edward Meir, analyste de INTL FCStone.

«Cette nouvelle aurait fait bondir les prix en temps normal (...)  mais comme Glencore possède déjà 34% de Xstrata, c'est un scénario logique qui n'a pas surpris le marché», a-t-il souligné.