Les prix des métaux industriels au London Metal Exchange (LME) ont vigoureusement grimpé cette semaine, dopés par le repli du dollar et la perspective de liquidités abondantes après l'engagement de la Réserve fédérale américaine (Fed) de garder une ligne monétaire accommodante.

Très attendue, la réunion de politique monétaire de la Fed mercredi soir a fait l'effet d'un électrochoc sur les marchés des matières premières: la banque centrale s'est en effet engagée à maintenir ses taux à un niveau «exceptionnellement bas» jusqu'à «fin 2014 au moins».

Cette perspective a immédiatement pesé sur le dollar, qui a nettement fléchi face aux principales devises, et cet affaiblissement du billet vert a eu pour conséquence de revigorer l'appétit des investisseurs pour les métaux de base, dont l'achat, libellé en dollars, devenait plus attractif.

«Avec un billet vert sous pression, les investisseurs ont repris goût aux actifs jugés plus risqués, et les métaux de base ont été les premiers bénéficiaires de ce mouvement», a expliqué Edward Meir, analyste du courtier INTL FCStone.

Cuivre, nickel, zinc, plomb et étain ont ainsi grimpé de concert, se hissant vendredi à leurs plus hauts niveaux depuis la mi-septembre. Sur la semaine, zinc, plomb et nickel ont engrangé plus de 6%, l'étain près de 12%, tandis que le cuivre a gagné jusqu'à 5%.

Toujours dans l'objectif de soutenir la croissance aux États-Unis, la Fed a de plus laissé la porte ouverte à de nouvelles injections de liquidités dans l'économie, autre facteur de soutien pour les métaux, car un tel scénario nourrissait les investissements dans les matières premières.

Cependant, «il n'est pas certain que le maintien de taux quasiment nuls par la Fed sur une longue période soit nécessairement positif» pour le marché des métaux, a tempéré Julian Jessop, expert du cabinet d'études britannique Capital Economics.

En effet, des taux bas prolongés et encore plus l'injection de nouvelles liquidités sur les marchés pourraient, en stimulant les prix des matières premières, et en particulier de l'énergie, alimenter une spirale inflationniste.

Pour les prix des métaux, «les avantages d'une politique monétaire accommodante pourraient alors être effacés par le ralentissement économique provoqué par une montée de l'inflation», a estimé M. Jessop.

De plus, cette inflation «pourrait aboutir à un relèvement des taux d'intérêt de la Fed», a souligné Edward Meir, notant «que la montée des cours des matières premières pourrait porter en elle les graines de leur futur déclin».

Dans l'immédiat, le moral des opérateurs était quelque peu assombri par leurs inquiétudes persistantes sur la situation de la zone euro, où la Grèce peinait toujours à trouver un accord avec ses créanciers privés sur une réduction de la dette du pays afin de lui éviter un défaut de paiement.

Le marché a été de surcroît refroidi vendredi par la publication aux États-Unis d'un taux de croissance certes en nette accélération au quatrième trimestre 2011, mais sensiblement inférieur aux attentes des économistes.

L'ALUMINIUM est monté jeudi à son plus haut niveau depuis fin octobre, enregistrant tout de même cette semaine la plus faible progression parmi les métaux de base, toujours freiné par le niveau très important des stocks, dans un marché mondial marqué par un large excédent de production.

Selon l'Institut international de l'aluminium (IAI), les stocks mondiaux ont quasiment stagné en décembre, à 2,4 millions de tonnes, notamment pénalisés par un gonflement de 1,5% des stocks européens.

Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s'échangeait à 8.577$ vers 11h30 contre 8225$ dollars le vendredi précédent à la même heure.

L'aluminium valait 2263$ la tonne contre 2207$.

Le plomb valait 2307$ la tonne contre 2177$.

L'étain valait 24 500$ la tonne contre 21 800$.

Le nickel valait 21 698$ la tonne contre 20 450$.

Le zinc valait 2162$ la tonne contre 2014$.