Le géant gazier russe Gazprom va lancer la construction du gazoduc South Stream, destiné à livrer du gaz russe à l'Union européenne via la mer Noire, en décembre 2012 et non en 2013 comme prévu auparavant, a-t-il indiqué vendredi.

«Conformément à la directive du chef du gouvernement russe Vladimir Poutine, il a été décidé d'accélérer nettement le début de réalisation du projet», explique le groupe dans un communiqué.

M. Poutine avait exigé le 30 décembre d'avancer le début des opérations, deux jours après que la Turquie a eu donné son feu vert, attendu de longue date, pour faire passer le gazoduc dans ses eaux territoriales en mer Noire.

«A été approuvé un plan détaillé des mesures permettant de lancer la construction du gazoduc South Stream non en 2013, comme il était prévu, mais en décembre 2012», ajoute-t-il.

«Le projet répond à une demande et il est attendu, nous allons débuter sa réalisation», a déclaré le PDG du groupe, Alexeï Miller, cité dans le communiqué.

Le gazoduc, d'une longueur de 3600 km, doit alimenter l'Europe occidentale, notamment la Grèce et l'Italie, via la mer Noire et les Balkans.

Il doit permettre à la Russie de contourner l'Ukraine, principal pays de transit avec lequel des conflits tarifaires avec Moscou ont entraîné des interruptions temporaires de livraison vers les pays de l'UE.

Alors que la Russie a mis en exploitation, en novembre, un autre gazoduc, North Stream, qui passe au fond de la mer Baltique, la décision de Gazprom accroît la pression sur Kiev, qui tente depuis des mois, en vain jusqu'à présent, de renégocier à la baisse le prix du gaz qui lui est facturé par Moscou.

Le géant pétrolier italien ENI détient une part de 20% dans le capital du consortium chargé de la section sous-marine du gazoduc South Stream, en mer Noire. Le français EDF et l'allemand Wintershall, filiale du géant de la chimie BASF, en possèdent de leur côté chacun 15%, et Gazprom les 50% restants.

La construction de la partie terrestre de South Stream sera assurée par des coentreprises que Gazprom a créées avec les sociétés publiques du secteur énergétique d'Autriche, de Bulgarie, de Croatie, de Grèce, de Hongrie, de Serbie et de Slovénie.

Ce projet est aussi censé tailler des croupières au projet Nabucco, un gazoduc qui doit livrer le gaz du Caucase à l'Europe occidentale en passant par la Turquie et les Balkans, et donc en évitant la Russie.