Des indicateurs encourageants en Chine ont dopé cette semaine les prix des métaux de base échangés au London Metal Exchange (LME) qui ont de surcroît été confortés par un repli du dollar face à un euro revigoré par des nouvelles encourageantes dans la zone euro.

Les prix des métaux industriels ont poursuivi avec brio leur progression vigoureuse de la semaine précédente: cuivre, plomb et nickels se sont ainsi hissés vendredi à leurs plus hauts niveaux depuis près de quatre mois, tandis que l'aluminium atteignait jeudi un sommet depuis fin octobre.

«Des indicateurs plus robustes qu'attendu en Chine ont donné un véritable coup de fouet au marché des métaux», a expliqué William Adams, analyste de la société britannique Fast Markets.

Mardi, le géant asiatique, premier pays consommateur de métaux de base, a fait état pour décembre d'une hausse de 18,1% sur un an de ses ventes de détail en décembre, ainsi qu'une croissance de 8,9% de son Produit intérieur brut (PIB), deux chiffres supérieurs aux attentes des analystes.

Les investissements directs étrangers (IDE) en Chine ont atteint en 2011 un niveau record, et même la contraction en décembre, pour le troisième mois consécutif, de l'activité manufacturière du pays (selon un indicateur publié vendredi par la banque HSBC) a peiné à refroidir le marché.

Alors que s'éloigne le spectre d'un «atterrissage brutal» de l'économie chinoise, «les opérateurs sont nombreux à penser que Pékin va mettre en place de nouvelles mesures d'assouplissement monétaire» pour conforter la croissance, ce qui augmenterait la demande de métaux du pays, ont souligné les analystes de Commerzbank.

Les prix des métaux ont par ailleurs été soutenus cette semaine par le fléchissement momentané du dollar face à un euro revigoré, ce qui rendait plus attractifs les achats de matières premières, libellés en dollars, pour les investisseurs munis d'autres devises.

«L'affaiblissement du dollar a permis de compenser des indicateurs américains mitigés», a observé M. Adams.

Cependant, «le récent rebond des métaux pourrait vite se révéler éphémère: on observe ainsi un coup d'arrêt sur le marché de l'immobilier en Chine, qui pourrait entraîner une baisse de la demande en cuivre, en aluminium ou en acier dans le secteur chinois de la construction», a prévenu Ross Strachan, analyste du cabinet Capital Economics.

«De plus, deux des plus gros partenaires commerciaux de la Chine, le Japon et l'Union européenne, apparaissent désormais sur le point de rentrer en récession, ce qui va peser sur la croissance chinoise», a-t-il ajouté.

Dès la semaine prochaine, «les échanges devraient renouer avec la volatilité, car le marché aura besoin de reprendre son souffle», et les investisseurs chinois seront absents pour les congés du Nouvel an lunaire (23 janvier), a souligné M. Adams.

L'aluminium restait freiné par le niveau des stocks emmagasinés dans les entrepôts du LME, qui ont atteint cette semaine plus de 5 millions de tonnes - un record.

De plus, selon l'Institut international de l'aluminium (IAI), la production mondiale d'aluminium a progressé en décembre de 2,7% par rapport au mois précédent, à 3,69 millions de tonnes - notamment gonflée par un renforcement de l'offre chinoise.

«Cela pourrait être une hausse très temporaire: il faut s'attendre au cours des prochains mois à des baisses de production des fonderies chinoises, dont beaucoup opèrent actuellement à perte», notamment en raison du renchérissement des coûts de l'énergie, commentait Commerzbank.

Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s'échangeait à 8225 vers 16H30 GMT contre 7955 dollars dollars le vendredi précédent vers 15H30 GMT.

L'aluminium valait 2207 dollars la tonne contre 2132 dollars.

Le plomb valait 2177 dollars la tonne contre 2012 dollars.

L'étain valait 21 800 dollars la tonne contre 20 905 dollars.

Le nickel valait 20 450 dollars la tonne contre 19 369 dollars.

Le zinc valait 2014 dollars la tonne contre 1954 dollars.