Dans les profondeurs des océans, la course aux richesses métalliques est lancée. Des richesses qui appartiennent au «patrimoine commun de l'humanité».

En juillet 2011, l'Autorité internationale des fonds marins (AIFM) a délivré quatre nouveaux permis d'exploration en eaux internationales (au-delà de 370 km des côtes), marquant un renouveau de l'intérêt commercial pour les fonds marins, selon le secrétaire général de l'organisation.

Pour la première fois, l'Autorité a délivré deux permis pour l'exploration de sulfures polymétalliques, semblables à ce que veut exploiter Nautilus en Papouasie-Nouvelle-Guinée. La Chine et la Russie pourront explorer pendant 15 ans des zones des dorsales de l'océan Indien et de l'Atlantique Sud, respectivement.

L'AIFM, née de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer, avait déjà accordé des permis d'exploration pour les nodules polymétalliques de la zone Clarion-Clipperton, dans le Pacifique Est. La Chine, le Japon, la Corée du Sud, la France, l'Allemagne, la Russie et un regroupement d'anciens pays du Bloc soviétique (dont Cuba) y ont des droits. Sont venues s'ajouter en juillet dernier deux entreprises privées - une autre première - commanditées par les gouvernements de Nauru et Tonga.

Le privé dans la course

DeepGreen Resources, une société à capital fermé fondée par l'ancien chef de la direction de Nautilus, David Heydon, s'est associée avec Nauru pour mettre la main sur une zone d'exploration de 75 000 km2.

S'il devait y avoir exploitation un jour - au plus tôt dans huit ans -, il s'agirait d'aller chercher sous 4 km d'eau environ 5,5 millions de tonnes par année de nodules de manganèse, également riches en cuivre et nickel.

«C'est comme avoir trois mines en une, illustre David Heydon dans une discussion avec La Presse Affaires. Il n'y a rien comme ces roches sur le continent.»

Dans les années 70, des sociétés comme la canadienne Inco ont fait des tests concluants en repêchant 2000 tonnes de nodules, mais il n'y avait pas moyen d'obtenir des licences commerciales à l'époque.

Moment critique pourle patrimoine commun

Aujourd'hui, c'est à l'AIFM que revient le rôle d'encadrer la quête des ressources sous-marines dans les eaux internationales.

Or, face à une phase d'exploitation qui n'est plus si lointaine, l'Autorité reconnaît qu'il faudra rapidement développer les connaissances scientifiques des fonds marins afin d'évaluer les impacts de l'activité minière.

L'Autorité doit aussi mettre en place un cadre légal et financier pour l'exploitation, incluant les redevances versées à l'AIMF, qui doivent être redistribuées aux pays en développement.

Sur tous les fronts, «les décisions qui seront prises dans les cinq prochaines années seront probablement critiques pour la réalisation du patrimoine commun de l'humanité», déclarait en décembre le secrétaire général de l'Autorité, Nii Allotey Odunton, lors de la dernière session de l'Assemblée générale des Nations Unies.